Pour la première fois dans le livre de Ruth, nous lisons une bonne nouvelle: Naomi «avait appris que l’Éternel était intervenu en faveur de son peuple et lui avait donné du pain» (v. 6). Les bénédictions de l’alliance sont à nouveau déversées sur le pays de la promesse. Dieu est «intervenu en faveur de son peuple» (autrement dit, il l’a consolé), pour lui accorder de la nourriture! En apprenant ce que Dieu a fait, Naomi décide de rentrer chez elle. Cela fait déjà plus de dix ans qu’elle s’est installée à Moab, mais cette nouvelle provoque quelque chose dans son cœur qui l’incite à retourner en Israël. La grâce abonde dans chaque terme de ce simple verset 6. 

Premièrement, Naomi a «appris» la bonne nouvelle alors qu’elle vivait dans «le pays de Moab». Comment a-t-elle pu entendre parler de ce renversement de situation? Elle n’a ni télévision, ni radio, ni réseaux sociaux! D’une manière ou d’une autre, le bruit s’est répandu jusqu’à la lointaine campagne de Moab, déclenchant une réaction chez Naomi. Cette nouvelle a dû être comme de l’eau fraîche pour une âme fatiguée (voir Proverbes 25.25). Le mot «appris» est un premier signe de bénédiction.

Deuxièmement, «l’Éternel» est celui qui accorde ce merveilleux don de grâce. C’est la première fois que le nom de Dieu est cité dans Ruth. Comme si souvent dans les Écritures, il pourvoit. Les Psaumes regorgent d’exemples de louange à Dieu pour son admirable capacité à pourvoir aux besoins. D’ailleurs, l’arrière-petit-fils de Ruth, le roi David, écrit ceci:

Tous regardent avec espoir vers toi, et tu leur donnes la nourriture au moment voulu. Tu ouvres ta main et tu combles de biens tout ce qui vit.  Psaumes 145.15-16

L’Éternel accomplit son plan rédempteur et providentiel de la même façon dans le livre de Ruth. Durant cette sombre époque, Dieu ouvre sa main et donne de la nourriture aux affamés.

Troisièmement, le mot «intervenu» montre aussi la grâce divine. Parfois, il est employé pour désigner le jugement de Dieu. Mais ici, il évoque une intervention divine favorable. De même, tout au long de l’histoire de la rédemption, ce terme est utilisé pour parler du secours bienveillant de Dieu dans des situations de crise. En Genèse 21.1 et en 1 Samuel 2.21, il désigne l’action de Dieu auprès de femmes stériles afin de leur permettre de concevoir et d’enfanter. D’ailleurs, le livre de Ruth nous rapporte aussi une histoire de stérilité et d’aide divine. En Ruth 1.6, Dieu intervient pour donner de la nourriture; bientôt il interviendra pour accorder la fécondité.

Notre Dieu est ainsi. Il intervient dans les moments de crise. Le livre de Jacques déclare que la religion pure implique de s’occuper des orphelins et des veuves dans leur détresse (Jacques 1.27). Autrement dit, nous devons intervenir dans la vie des faibles et des oubliés afin de leur apporter notre aide. Prendre soin des affligés est une façon pour nous de refléter la nature de Dieu dans ce monde déchu. Nous sommes tous appelés à le faire.

Peut-être que Dieu vous a mis à cœur le sort des orphelins. Comment pouvez-vous leur venir en aide? Ou peut-être que vous vous préoccupez de ceux qui sont soumis à une forme d’esclavage. Aimeriez-vous intervenir en faveur des personnes âgées, des veuves ou des sans-abri? Pensez aussi aux réfugiés dans votre communauté. Nous ne pouvons pas tout faire, mais nous pouvons tous agir en faveur des plus vulnérables dans notre société.

Pourquoi est-ce nécessaire?
Parce que Dieu lui-même s’est approché de nous dans notre détresse! Selon l’Évangile, nous sommes tous affligés, faibles et blessés, malades et souffrants. Mais Jésus est venu à notre secours. Les chrétiens sont les mieux placés pour s'identifier aux orphelins et aux veuves. Nous étions des orphelins, mais Dieu nous a adoptés. Nous étions sans mari, mais Jésus est devenu notre Époux. Nous étions des étrangers, mais Dieu a fait de nous des citoyens du ciel. Nous étions pauvres, mais Jésus nous a accordé un glorieux héritage. Souvenons-nous que Dieu est intervenu en notre faveur. Notre réaction devrait être de tendre la main vers les faibles et de leur témoigner de la bienveillance à notre tour.

Quatrièmement, nous voyons une nouvelle expression de la grâce de Dieu dans la formule «son peuple». Elle reflète la relation d’alliance que Dieu entretient avec Israël. Il s’est engagé à être son Dieu et à le prendre pour son peuple (Exode 6.7). La fertilité du sol est le signe que l’Éternel n’a pas oublié Israël. Même si le texte ne mentionne pas de démarche de repentance, il semble que les récoltes abondantes à Bethléhem soient la réponse divine à un authentique attachement à Dieu chez quelques personnes telles que Boaz (Deutéronome 7.12-15 ; 11.13-15). Quoi qu’il en soit, l’Éternel agit avec bienveillance en faveur de son peuple.

Dans notre société individualiste, un thème biblique a tendance à être souvent négligé: celui de la communauté. Pourtant, il est présent d’un bout à l’autre des Écritures. Dieu a toujours voulu un peuple qui lui appartienne. Il révèle sa gloire à son peuple par sa providence et sa rédemption, et il manifeste sa gloire à travers les paroles et les actions de son peuple. Notre foi est personnelle, mais elle n’est pas individualiste. Dans le Nouveau Testament, l’épître à Tite rappelle que Jésus s’est donné lui-même pour nous racheter et pour «se faire un peuple qui lui appartienne, purifié et zélé pour de belles œuvres» (Tite 2.14). N’oublions pas que nous sommes sauvés pour faire partie d’une communauté. L’Église n’est pas un bâtiment dans lequel nous allons régulièrement ou un événement auquel nous assistons. L’Église est un peuple auquel nous appartenons. Nous sommes appelés à vivre ensemble, à pleurer ensemble, à prier ensemble, à porter les fardeaux les uns des autres, à étudier ensemble et à accomplir notre mission ensemble. Soyons toujours reconnaissants de faire partie du peuple de Dieu, car « vous qui autrefois n’étiez pas un peuple, vous êtes maintenant le peuple de Dieu » (1 Pierre 2.10a). Ruth 1.6 évoque cette réalité avec les mots « son peuple ».

Enfin, nous voyons que Dieu accorde à son peuple du « pain ». Nous pourrions lister les multiples façons dont Dieu comble nos besoins et de nombreux sujets de reconnaissance, mais n’oublions jamais qu’il est celui qui pourvoit à nos besoins les plus fondamentaux. C’est une de ses préoccupations constantes tout au long des Écritures. En Genèse, Dieu envoie Joseph en Égypte afin de sauver le monde de la famine, et particulièrement son peuple (Genèse 45.5-8; 50.20). En Exode, il accorde aux Israélites l’eau et la nourriture dont ils ont besoin pendant tout leur long périple dans le désert (Exode 15.25; 16.13-16; 17.5-6). Élie et Élisée, deux prophètes de Dieu, sont témoins de la manière dont Dieu fournit du pain à une veuve (1 Rois 17.12-15), de l’huile à une autre (2 Rois 4.2-7) et suffisamment de nourriture à une centaine d’hommes en pleine période de famine (2 Rois 4.38-44). Jésus, quant à lui, change l’eau en vin (Jean 2.1-11) et rassasie des milliers de personnes avec seulement quelques pains (Jean 6.5-13). Il recommande à ses disciples de demander au Père leur « pain quotidien » (Luc 11.3) et de ne pas s’inquiéter pour la nourriture ou le vêtement, car, dit-il, «votre Père sait que vous en avez besoin» (Luc 12.30).

Dans les zones urbaines, nous avons souvent tendance à négliger le fait que Dieu subvient à nos besoins essentiels. Si vous allez régulièrement faire vos courses au marché ou en grande surface, prenez le temps de rendre grâce à Dieu pour tout ce qu’il vous donne avec grâce. Soyons des consommateurs reconnaissants! Le pasteur Alistair Begg l’exprime ainsi: «Dieu remplit les étagères.» Bien entendu, nous savons que les magasins sont ravitaillés grâce aux agriculteurs, ordinateurs, sociétés de transport et employés. Mais cette petite phrase met le doigt sur une vérité importante. En fin de compte, c’est l’Éternel qui ouvre sa main et qui rassasie à souhait tout ce qui a vie. Ne l’oublions pas.

En conclusion, ce verset nous donne un aperçu de la manière dont Dieu pourvoit merveilleusement à nos besoins. Il a permis à Naomi d’entendre la nouvelle concernant Israël; il est intervenu en faveur des affamés; il s’est approché de son peuple avec lequel il avait conclu une alliance; il n’a pas négligé ses besoins fondamentaux mais lui a accordé de quoi manger. En considérant la façon dont Dieu a agi, Naomi, Ruth et Orpa doivent désormais prendre une décision. 

Extrait du livre Ruth pour toi de Tony Merida

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