Quand j’étais enfant, après l’école, mes copains et moi courions jusqu’à la maison tout excités à l’idée de la chouette après-midi qui nous attendait. Mais le mercredi, l’un d’entre nous ne pouvait pas venir jouer: il devait se rendre à l’église pour sa leçon de catéchisme. À l’époque, je n’avais aucune idée de ce que le catéchisme pouvait bien être. Mon ami de neuf ans m’avait expliqué qu’il y apprenait des choses sur la Bible et cette idée ne m’avait pas franchement emballé. Pourtant, aujourd’hui, après plusieurs années de pastorat et en tant que père de famille, j’apprécie beaucoup la pratique de la catéchèse.

La catéchèse ne consiste pas qu’à enseigner aux enfants des choses sur la Bible. Tout au long de l’histoire, l’Église a transmis oralement les enseignements et les doctrines bibliques aux enfants ainsi qu’aux nouveaux convertis. C’est d’ailleurs pourquoi la plupart des catéchismes se présentent sous la forme de questions et de réponses. La Didachè, ou Doctrine des douze apôtres, est l’un des catéchismes les plus anciens.

Pasteurs et enseignants de l’Église primitive employaient déjà les catéchismes, et les réformateurs protestants du XVIe siècle donnèrent un nouvel essor à la pratique de la catéchèse. Pendant le XVIe et le XVIIe siècle, les théologiens luthériens et réformés rédigèrent un grand nombre de nouveaux catéchismes dans le but de codifier pour les générations futures l’enseignement de la foi telle que les premiers chrétiens l’avaient reçue. Le Petit Catéchisme de Martin Luther est l’un des plus connus. Il explique les dix commandements, le Symbole des apôtres, le Notre Père, les différents sacrements et la prière. Luther avait par-là pour objectif de transmettre aux pères de famille les connaissances élémentaires de la foi, afin que ceux-ci puissent enseigner leurs enfants et les équiper pour la vie chrétienne.

En 1542, Jean Calvin écrit pour les enfants le Catéchisme de Genève qui reprend les mêmes thèmes que le Petit Catéchisme de Luther. En 1563, Zacharias Ursinus publie le Catéchisme de Heidelberg qui deviendra l’une des trois formes d’unités de l’Église réformée. Le Petit Catéchisme de Westminster (1648), quant à lui, est sans doute le plus célèbre des catéchismes de langue anglaise grâce à sa fameuse première question:

Quel est le but principal de la vie de l’homme?Le but principal de la vie de l’homme est de glorifier Dieu et de trouver en lui son bonheur éternel.

L’instruction spirituelle par la catéchèse s’inscrit donc dans l’histoire de la théologie et de la foi protestante.

Il semblerait néanmoins que cette pratique soit aujourd’hui tombée en désuétude. Suite aux réveils spirituels expérimentés aux États-Unis, beaucoup de chrétiens américains ont valorisé le modèle d’une conversion exaltée et emprunte de surnaturel au détriment de l’enseignement réfléchi et progressif de la catéchèse. Pour raisonner en termes bibliques, ceux-ci considèrent comme une norme la conversion spectaculaire de l’apôtre Paul sur le chemin de Damas (Actes 9:1-19) plutôt que l’éducation régulière de Timothée par sa mère et par sa grand-mère (2 Timothée 1:5-6). Mais les textes bibliques sont plus que clairs sur le sujet: c’est la croissance à travers l’enseignement telle que vécue par Timothée, et non la rencontre unique et extraordinaire de Paul avec le Christ, qui doit être comprise comme étant la norme.

La catéchèse est ainsi une manière de mettre en pratique l’exhortation biblique à transmettre à nos enfants notre connaissance de Dieu (Deutéronome 6:4-9, Exode 13:14, Éphésiens 6:4). Elle leur fournit le cadre qui leur est nécessaire pour comprendre la Bible. La mémorisation de la Parole demeure, certes, un élément essentiel de l’éducation spirituelle des enfants, mais ceux-ci doivent aussi comprendre comment les passages mémorisés s’articulent entre eux dans les Écritures.

La catéchèse permet également aux enfants d’assimiler la langue de la théologie. Lorsqu’un enfant apprend à lire et à écrire, il découvre le fonctionnement des noms, des verbes et des pronoms ainsi que leur rôle dans la phrase. Cet apprentissage lui est nécessaire pour communiquer efficacement à l’oral et à l’écrit. Il en va de même avec la théologie. Les enfants doivent comprendre la différence entre la justification et la sanctification ; ils doivent apprendre ce que sont la loi de Dieu, la prière ou encore les sacrements. Grâce à cet apprentissage allié à la lecture de la Parole et à l’enseignement des Écritures, par la grâce de Dieu et par l’œuvre souveraine de son Esprit, nos enfants recevront la nourriture spirituelle qui leur est nécessaire pour devenir des chrétiens en bonne santé. Tout comme les premières Églises enseignaient leurs enfants et leurs nouveaux convertis, les pasteurs ont la possibilité d’instruire par la catéchèse les jeunes convertis de leurs assemblées pour les aider à mûrir dans leur foi et à passer du lait à la nourriture solide (1 Corinthiens 3:2, Hébreux 5:12)!

Pasteurs, je vous encourage donc à enseigner votre assemblée par la catéchèse et même à utiliser un catéchisme lors des temps de louanges de vos cultes. Parents, en particulier les pères de famille, choisissez un catéchisme et lisez-le à table avant le repas. Que les membres de votre famille soient nourris dans leur corps mais aussi dans leur âme par un bon enseignement spirituel.

Article paru en premier en Anglais sur le blog de Crossway, traduit par Claire Romerowski

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