Marc regarde sa montre: il est 16 h 55. Encore cinq minutes. Ce soir, il pourrait sans aucun problème fermer la boutique deux ou trois minutes plus tôt. Il regarde les boîtes à chaussures qui s’entassent dans un coin. Il s’en occupera demain matin. Certaines étagères auraient bien besoin d’être rangées... De toute façon, elles ne le resteraient pas très longtemps! Non, il a assez travaillé pour aujourd’hui. Il tire les rideaux et prend son manteau.

Magali regarde sa montre: il est 16 h 55. Encore cinq minutes. Le téléphone sonne. «Bonjour, comment puis-je vous être utile? » demande-t-elle poliment. En même temps, elle lève les yeux au ciel à l’attention de sa collègue Valérie et fait mine de bâiller. « Désolée, mais c’est tout ce que je peux faire pour vous... », finit-elle par dire au bout d’un court instant. Juste après avoir raccroché, elle ajoute pour Valérie: « ...à 17 h, après une longue journée de travail. »

À 19 h 20, Marc et Magali sont assis dans le salon de Jean. Ils attendent l’arrivée des autres membres du groupe de maison.

— Comment s'est passée votre journée de travail?demande Jean.
Tous deux soupirent.
— Comme d’habitude, marmonne Magali.
— Ça paie les factures, dit Marc, avant de se lancer dans une histoire au sujet d’un client pénible.
Jean les écoute, mais se demande s’il ne devrait pas dire quelque chose à propos de leur attitude...

L'enseignement biblique: Dieu est à l’œuvre

Dieu considéra tout ce qu’il avait créé: c’était très bon. Il y eut un soir, il y eut un matin: ce fut le sixième jour. Ainsi furent achevés le ciel et la terre avec toute l’armée de ce qu’ils contiennent. Le septième jour, Dieu avait achevé tout ce qu’il avait créé. Alors il se reposa en ce jour-là de toutes les œuvres qu’il avait accomplies. Genèse 1.31 à 2.2 

Dieu est un travailleur. Il travaille, se repose de ses œuvres, puis travaille à nouveau. Jésus affirme: « Mon Père travaille jusqu’à présent, et moi aussi je travaille » (Jean 5.17 — COL). Tout comme Dieu, Jésus est lui aussi un travailleur (Jean 4.34; 17.4).

Dieu se délecte de son travail. Il contemple ses œuvres et dit: « C’est bon. » Lorsque l’auteur des Proverbes décrit le rôle de la Sagesse dans la création, le Nouveau Testament y voit une représentation de Jésus:

Je me tenais bien fermement à ses côtés, me livrant sans cesse aux délices, et jouant en tout temps en sa présence. Je jouais sur sa terre dans le monde habité, et trouvais mes délices dans les êtres humains. Proverbes 8.30-31

Jésus est aux côtés de son Père, façonnant la création. Et il se délecte de ses œuvres. Jour après jour, il en fait ses délices et se réjouit de la qualité du travail accompli par Dieu.

Dieu n’est pas seulement un travailleur: il a créé les hommes pour les rendre participants de son œuvre.

Dieu créa les hommes de sorte qu’ils soient son image, oui, il les créa de sorte qu’ils soient l’image de Dieu. Il les créa homme et femme. Dieu les bénit en disant: « Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre, rendez-vous en maîtres, et dominez les poissons des mers, les oiseaux du ciel et tous les reptiles et les insectes. » [...] L’Éternel Dieu prit l’homme et l’établit dans le jardin d’Éden pour le cultiver et le garder. Genèse 1.27-28; 2.15

Nous sommes créés à l’image de Dieu. Cela implique, entre autres, que nous dominions sur la création en tant qu’intendants de Dieu. 

Au cours des trois premiers jours de la création, Dieu « sépare ». Il sépare la lumière des ténèbres, les eaux des cieux, les mers de la terre. Genèse 1.2 dit que «la terre était chaotique et vide ». Durant les trois premiers jours, Dieu organise et gère le chaos. Puis, les trois jours suivants, Dieu remplit le vide. Il remplit les cieux avec le soleil, la lune et les étoiles. Il peuple le ciel et les mers d’oiseaux et de poissons. Il peuple la terre d’animaux. Puis Dieu confie aux hommes une double tâche: celle de remplir et de dominer la terre. Jusqu’à présent, Dieu s’était acquitté lui-même de cette tâche. Au cours des trois premiers jours de la création, Dieu «donne un nom » à ses œuvres. Il les nomme « jour », « nuit », « ciel », « terre » et « mers ». Mais les jours suivants, il ne le fait pas. C’est à l’humanité qu’il confie la responsabilité de nommer les animaux de la terre et les oiseaux du ciel (Genèse 2.19).

Le monde créé par Dieu est un ouvrage magnifique, mais inachevé. À présent, c’est à nous qu’il le confie pour que nous le remplissions et le dominions.
C’est «le mandat culturel ». Dieu nous mandate pour créer, inventer, explorer, découvrir, développer, produire, acheter et vendre. Dans sa grâce, Dieu nous invite à collaborer avec lui pour façonner un monde magnifique qui lui rend gloire.

Créés à l’image de Dieu, nous sommes, tout comme lui, des êtres relationnels. Notre travail glorifie Dieu, certes, mais il nous permet également de subvenir aux besoins de nos familles et à ceux de nos communautés (Deutéronome 14.28-29; Éphésiens 4.28).

La Bible fait donc l’éloge du travail. Ce n’est pas un mal nécessaire qu’il nous faut subir. Le travail est à la fois un privilège et une bénédiction. C’est pour cette raison qu’il est source de satisfaction et d’épanouissement. Travailler, c’est participer à l’expérience humaine. Nous prenons plaisir à une tâche bien faite. Nous nous réjouissons qu’un produit ait une belle finition ou qu’un service soit rendu de bon cœur. Nous sommes contents quand cela fonctionne, quand c’est beau, quand c’est solide. Voici un plaisir que nous pouvons tous ressentir au travail: un sol bien propre, un étudiant qui saisit un concept, un bac à courrier enfin vide et un client satisfait. Notre joie fait écho à celle de Dieu quand il a vu que tout ce qu’il avait fait était « très bon ». Quand nous prenons plaisir à un travail bien fait, cela fait écho au plaisir que la Sagesse de Dieu a ressenti lors de la création du monde.

Réfléchir

Quand un artisan passe la main sur une pièce de bois achevée, il partage la joie qui a été celle du Créateur lors de la création du monde. Un client satisfait. Une main-d’œuvre productive. Une comptabilité en ordre. Une cuisine bien propre. Une livraison effectuée à temps. Un projet mené à bien.

De quelle manière partagez-vous la joie du Créateur?

Le monde moderne considère généralement que seul le travail basé sur des connaissances intellectuelles est utile et valorisant: celui des cadres, des enseignants ou des designers. Le travail des agriculteurs et celui des ouvriers d’usine n’est souvent pas reconnu à sa juste valeur, pas plus que celui des travailleurs du secteur des services, comme les agents d’entretien et les serveurs. Le travail manuel ou routinier est considéré comme peu gratifiant. Avez-vous remarqué cette tendance autour de vous? Influence-t-elle votre manière de penser?

Comment la vision biblique du monde bouscule-t-elle cette manière de penser?

Si vous dirigez une entreprise ou une équipe, comment pouvez-vous rendre le travail de vos employés agréable et valorisant? Des lois relatives à la santé et la sécurité au travail protègent les employés, mais nous avons aussi besoin de prendre en compte le « facteur humain ».

Qu’allez-vous faire pour vous assurer que leur travail n’est pas dévalorisant?

Quels seraient les moyens de le rendre intéressant et épanouissant?

Comment pouvez-vous convenablement honorer ceux qui travaillent pour vous? 

Extrait du guide pratique Le travail centré sur l’Évangile de Tim Chester chapitre 1.

Préface du guide pratique: Le travail centré sur l’Évangile
Les 35 heures. L’âge du départ à la retraite. Les grèves. Les syndicats. Les hyper-riches qui s’enrichissent toujours plus et les pauvres qui n’arrivent jamais à boucler leur fin de mois. Les demandeurs d’emploi. Les « carrières » recherchées, prisées, bien payé