Si nous ne comprenons pas que Dieu est un Dieu de grâce, alors il n’y a pas de Bonne Nouvelle pour les pécheurs que nous sommes! Cette affirmation extraordinaire, fondamentale et universelle, fonde ma façon de penser. Elle s’est déjà glissée dans les trois premiers chapitres de ce livre, et a préparé la présentation du thème de ce chapitre.

Qu’est-ce que la grâce? C’est la caractéristique divine la plus importante. Le plus beau de tous les attributs de Dieu. C’est son amour illimité, qui met l’accent sur son caractère immérité. Pour cette raison, elle est toujours placée en opposition avec le mot « œuvre »: « Or, puisque c’est par grâce, cela ne peut pas venir des œuvres, ou alors la grâce n’est plus la grâce » (Rom 11: 6).

Dès l’instant où nous pensons devoir nous améliorer pour devenir moralement acceptables pour être sauvés, ou si, étant sauvés, pour pouvoir être plus profondément bénis, alors la grâce n’est plus la grâce! Romains 4 précise: « Si quelqu’un accomplit un travail, on lui compte son salaire non pas comme si on lui faisait une faveur, mais d’après ce qui lui est dû » (Rom 4: 4). Essayer de devenir un meilleur chrétien, plus actif, pour faire l’expérience du réveil, n’est rien d’autre que tenter de faire de Dieu notre débiteur. Pour qu’il nous doive ses bénédictions. C’est quelque chose que Dieu ne tolérera jamais. Citant Job, Paul écrit: « Qui lui a fait des dons pour devoir être payé de retour? » (Rom 11: 35). La réponse est: personne! Nous devons venir comme des mendiants vers le Dieu de grâce. Et nous contenter de vivre de la charité.

Personne n’aime vivre de la charité. Avec Dieu, vous ne serez jamais sauvé d’une autre façon. Après avoir été sauvé, vous pourrez jouir de ses autres bénédictions de la vie chrétienne exclusivement  sur cette base. Ce n’est pas seulement le démérite évident de celui qui la reçoit qui fait que la grâce est la grâce, mais la grandeur de ce qui est donné, tellement immérité, surprenant et parfois inattendu et par-dessus tout, hors de toute proportion par rapport à ce que l’homme a pu essayer de faire.

LIBREMENT PAR SA GRÂCE

Cet autre verset complète notre définition de la grâce: « ils sont gratuitement justifiés par sa grâce » (Rom 3: 24). Le mot grec rendu par « gratuitement » est traduit ailleurs par « sans cause ». Comme lorsque Jésus dit: « Ils m’ont haï sans cause » (Jean 15: 25). Le texte peut se lire ainsi: « étant justifiés sans cause par sa grâce ». Son amour pour moi et la justification du pécheur que je suis, me sont accordés et l’ont été sans raison.

Dans la même proportion que l’était ma haine à son égard. Je n’ai pas mérité plus son amour qu’il n’a mérité ma haine. Il n’y avait rien de bon en moi qui ait pu l’inciter à me justifier alors que j’étais pécheur. Ses actions, comme les nôtres, ont été totalement gratuites. Ce mot, gratuit, est une autre traduction de ce même mot grec. Dieu m’a justifié gratuitement, n’attendant rien en retour. C’est cela la grâce. Comme le dit un cantique:

Jésus qu’as-tu vu en moi
Que tu me traites avec un tel amour?

Il n’a rien trouvé. Il n’y avait en moi aucune raison suffisante pour qu’Il me sauve. Peut-être que la meilleure traduction de ce passage est celle-ci: « étant justifié par sa grâce comme un cadeau ». Ce n’est pas seulement notre justification initiale qui est « par sa grâce comme un cadeau ». Toutes les expériences et bénédictions seront de même, « par sa grâce comme un cadeau ».

GRÂCE ET AMOUR

Il y a une différence entre amour et grâce. Toute grâce est amour, mais tout amour n’est pas nécessairement une grâce. Il est concevable de donner de l’amour à quelqu’un parce que beaucoup d’éléments, chez lui ou chez elle, sont bons, attractifs et méritants. Dans ce cas, l’amour ne peut être décrit comme une grâce. L’amour de Dieu ne devient grâce de Dieu que lorsqu’il a pour objet quelqu’un qui, d’évidence, ne le mérite pas. L’amour acquiert alors ce nom glorieux de grâce.

La différence entre la grâce de Dieu et l’amour de Dieu est, pour moi, illustrée par la différence entre les rayons du soleil et l’arc-en-ciel. Quelle merveille que les rayons du soleil, venant d’un ciel bleu sans nuages, baignant toutes choses de leur éclat! Ceci est le symbole de l’amour de Dieu, de sa bienveillance envers toute sa création, ne voulant que du bien à tous les hommes et à toutes les choses.

Mais lorsque les rayons du soleil brillent à travers la pluie, avec de sombres nuages en arrière-plan, les couleurs qui se séparent produisent l’un des plus beaux phénomènes de la nature: l’arc-en-ciel. C’est toujours de la lumière du soleil. La différence vient de ce que les rayons brillent à travers la pluie sur des nuages. L’arc-en-ciel qui en résulte est même plus beau que la lumière solaire qui l’a produit. Ainsi, lorsque l’amour a pour objet des coupables qui ne méritent rien, versent des larmes et soupirent douloureusement, il devient grâce de Dieu en répondant à leurs besoins. Nous lisons, en Apocalypse 4 que « le trône était environné d’un arc-en-ciel » (Ap 4: 3) . Il est toujours présent!

Notre Dieu est le Dieu de toute grâce. Cette grâce est le plus beau joyau de sa couronne de gloire. Les anges s’émerveillent à son sujet, et les rachetés l’aiment pour cela. La grâce permet non seulement qu’on entre en contact avec lui, mais aussi qu’on l’aime. « Oui, j’aime l’Éternel car il m’entend lorsque je le supplie » déclare David « car il entend ma voix, mes supplications » (Psaumes 116: 1)… alors qu’il sait qu’il ne mérite pas d’être entendu.

GRÂCE ET LOI

On ne peut pas parler de la grâce sans parler de la loi. Dans les épîtres, la grâce est toujours opposée à la loi. Le contraste est explicitement souligné dans certains passages comme celui-ci: « Car le péché ne sera plus votre maître puisque vous n’êtes plus sous le régime de la Loi mais sous celui de la grâce » (Rom 6: 14).

Nous ne parlons pas ici de la grâce comme d’un simple élément du caractère divin, mais comme d’un principe sur la base duquel Dieu considère le croyant juste à ses yeux. Il y a deux principes possibles: celui fondé sur la grâce et celui sur la loi. L’ancienne alliance de la loi et la nouvelle alliance de la grâce.

L’ancienne alliance nous ramène au mont Sinaï, là où Dieu a donné sa loi morale par l’intermédiaire de Moïse. Les « tu feras… tu ne feras pas » des Dix commandements et bien d’autres choses. L’alliance basée sur la loi était simplement: « Fais cela et tu vivras ». Cela impliquait aussi: « Ne fais pas ça ou tu mourras » (Deut 30: 15-18). Sinistre pensée!

Cette alliance, dépouillée de ses rites judaïques, est encore l’alliance que l’homme naturel comprend le mieux. Parfois, l’homme de la rue envisage sa relation avec Dieu sur la base d’un code éthique, qui lui est extérieur et auquel il devrait obéir. « Fais cela et tu vivras ». C’est simple et clair pour lui. Agissez du mieux que vous pouvez. Ne faites de mal à personne, faites votre devoir. S’il y a un Dieu, il sera content de vous. Et s’il y a un ciel, vous vous y retrouverez!

C’est aussi l’alliance autour de laquelle le chrétien gravite trop volontiers, après sa conversion. « Fais cela, et tu vivras » est souvent le système selon lequel il essaie de régler sa vie chrétienne. Il est si naturel de penser que, pour être davantage béni, pour trouver une paix plus profonde avec Dieu, pour pouvoir être mieux utilisé par lui à son service, nous devons approcher au plus près les standards élevés d’une vie sainte. Passer plus de temps dans la prière, être plus engagés dans le service chrétien, etc. Comment espérer autrement recevoir les bénédictions de Dieu sinon sur ces principes?

Certes, notre raisonnement n’est pas toujours aussi clairement exprimé. Pourtant, toutes les attitudes que nous adoptons, les choses que nous faisons ne sont, en réalité, que de subtiles variantes. D’abord, les bénédictions promises semblent presque à portée de main. Mais que se passe-t-il si nous échouons? Si nous n’obtenons jamais ce que nous voulons? Alors, évidemment, l’autre face de cette alliance entre en jeu: « Si tu ne fais pas cela, tu mourras! ». Or, nous n’avons pas accompli ces œuvres, nous n’avons pas atteint ce standard. Même pas les plus consacrés d’entre nous.

Nous avons tous hérité de la vieille alliance de la mort; c’est-à-dire, des reproches et la condamnation. Nous pensons que nous devons faire un nouvel essai. Y consacrer plus d’efforts. Mais c’est de nouveau l’échec, ce qui provoque en nous un sentiment de culpabilité plus profond encore. Finalement, nous en arrivons à commencer à douter d’avoir jamais été vraiment sauvés. Nous perdons la certitude de notre salut. Cette culpabilité provoquée par la loi est exactement ce qui était prévu. Ainsi « la loi devient ce pédagogue qui nous amène à Christ afin que nous puissions être justifiés par la foi ».

Sous la loi avec son fouet à dix brins,
Apprenant, hélas, combien il est vrai,
Que du plus que j’essayais, du plus tôt je mourrais,
Pendant que la loi s’écriait: Toi! Toi! Toi!
La bataille faisait encore rage, sans qu’il y ait d’espoir,
Ô, homme misérable, sujet de mes pleurs,
Et j’ai cherché la délivrance, par une pénitence achetée,
Pendant que mon cœur s’écriait: Moi! Moi! Moi!
Puis est venu un jour où j’ai cessé de me débattre
Et, tremblant de tous mes membres,
Au pied du bois, où lui est mort pour moi,
Mon cœur s’écriait: Lui! Lui! Lui!

Combien différente est l’alliance de la grâce! Étant de grâce, ses bénédictions sont offertes, sans rien attendre en retour. Les hommes n’ont plus à travailler pour obtenir justice. Elle leur est imputée comme un cadeau parce qu’ils ont été réconciliés avec Dieu par le sang de Jésus. Plus encore, lorsqu’une personne découvre la grâce, elle lui garantit une complète assurance du salut. Elle ne l’avait jamais lorsqu’elle vivait sous la loi. Cette certitude dépendait de ses succès ou de ses échecs. C’est clairement enseigné par ce verset: « Voilà pourquoi l’héritage est promis à la foi: c’est pour qu’il soit un don de la grâce » (Rom 4: 16).

Ce manque d’assurance n’est pas toujours dû à une recherche de sensations, aux dépens d’une confiance qui prend Dieu au mot. Il est dû, le plus souvent, au fait de vivre sous la loi, et de ne pas savoir si on a satisfait à ses critères. Ce verset fonde notre véritable assurance: c’est par la foi, pour qu’il s’agisse de la grâce. Quand les œuvres ne sont plus l’exigence, on peut être assuré par la foi.

Extrait du livre Bonne nouvelle pour des rebelles, par Roy Hession