Le rayonnement communautaire permet de démontrer l’Évangile.

Contrairement à « l’action », nous ne sommes pas dans le « faire », mais dans «  l’être  ». C’est davantage une façon de vivre qu’une méthode à appliquer. Cette première forme de démonstration de l’Évangile fait entrer dans le principe d’engagement communautaire (sans oublier de croiser les autres principes).

Il n’est pas question de copier à l’identique l’Église du temps des apôtres. Nous ne sommes pas figés dans le passé comme si le temps s’était arrêté. Il s’agit de transposer les principes du modèle d’hier à aujourd’hui. Nous vivons au 21e  siècle: à l’époque d’internet, de la communication instantanée, des réseaux sociaux, des smartphones et des voitures électriques. Nous disposons d’outils fabuleux pour communiquer et créer du lien mais notre époque laisse des vides affectifs immenses. Les gens ont soif de communauté, de relations vraies, non blessantes, apaisées. Beaucoup font preuve de résilience face à un amour déçu.

La première Église a apporté tout cela: « La multitude de ceux qui avaient cru n’était qu’un cœur et qu’une âme  » (Actes 4: 32). Nous retrouvons ici les dimensions d’amour partagé et d’unité. L’Église prenait progressivement conscience de son impact collectif. Les premiers chrétiens « avaient la faveur de tout le peuple » (Actes 2: 47). À travers l’amour fraternel et l’unité vécus intensément, elle proposait un mode de vie attirant.

L’Église locale, collectivement, représente une formidable force de communication de l’Évangile. C’est ce qu’elle montrait à son origine et à certaines époques de son histoire. C’est ce qu’elle peut redevenir si nous appliquons les principes qui prévalaient alors: « L’Église doit offrir aux gens ce qu’ils ne peuvent pas trouver ailleurs » (Rick Warren).

La vie de l’Église n’est plus perçue aujourd’hui comme une forme de communication de la Bonne Nouvelle. Et c’est une des causes du problème: on ne peut mettre en œuvre ce qu’on ignore. Quand Jésus a institué l’Église, il ne l’a instituée ni comme un club, ni comme une association, mais comme son corps. L’Église est le corps du Christ (Colossiens 1: 24), c’est-à-dire le prolongement visible aux yeux du monde de sa personne, de sa pensée et de son action.

JE VOUDRAIS ÊTRE COMME EUX!
Les chrétiens ne se rendent pas compte qu’ils sont observés. Leur style de vie tranche avec le mode ambiant et c’est déroutant pour le non-chrétien. Interpellé, il observe les chrétiens. Il veut savoir ce qui les motive. Il examine la cohérence des paroles et des actes. Il en jauge l’authenticité. Il en juge la force dans les moments de crise.

Un jour, un consultant externe avec lequel je travaillais depuis des mois, m’interpelle alors que nous sommes seuls dans mon bureau. Il me questionne à brûle-pourpoint:
– Dis-moi, es-tu chrétien?
Interloqué par la question que je n’avais pas vu venir, je lui réponds par une question (j’ai bien assimilé la leçon):
– Pourquoi me demandes-tu cela?
– Parce que tu es différent, me répond-il.

Il m’avait observé pendant des mois sans que j’en aie pris conscience et il était arrivé à cette conclusion logique. J’ai pu ensuite lui expliquer l’Évangile que je vivais.

Jamais les gens ne se tourneront vers l’Évangile si nous échouons à en montrer l’attrait. Pendant des siècles, l’Église a fait de la peur de l’enfer le fonds de commerce de sa communication. Les gens se convertissaient par intérêt, mais surtout par peur. Ces « conversions » étaient loin d’être authentiques. Quand je lis les enseignements de Jésus et des apôtres, quand je les vois vivre, je vois l’amour mis en action et en paroles.

Ce qui m’a attiré vers Jésus-Christ, c’est le pouvoir d’attraction de l’amour qui se dégage de sa mort sur la croix. Prendre conscience que le Fils de Dieu est mort pour moi a brisé ma résistance et mon indifférence. L’enfer et le jugement de Dieu pour les pécheurs qui rejettent son salut sont des vérités qu’il faut inclure dans toute communication de l’Évangile. Mais c’est l’amour de Jésus dans toutes ses dimensions qu’il faut démontrer. Nous pouvons le faire individuellement, mais l’amour prend plus de force quand nous le démontrons ensemble.

ENSEMBLE
Comment mettre en place le rayonnement communautaire sans tomber dans le piège du « faire »? Comment la première Église vivait-elle naturellement le rayonnement communautaire? Ce qui frappe chez les premiers chrétiens, c’est qu’ils étaient « ensemble ». « Tous ceux qui avaient cru étaient ensemble » (Actes 2: 44). Le début du livre des Actes des Apôtres montre l’enthousiasme qui animait les chrétiens dans leur désir d’être ensemble. Le résultat était étonnant: ils faisaient envie, ils inspiraient confiance, ils attiraient par leur vie d’Église authentique et inspirante. Et le Seigneur faisait grandir l’Église (Actes 2: 47), démontrant que le rayonnement communautaire est bien une forme de communication de la Bonne Nouvelle.

Selon le dictionnaire Larousse, une communauté est « un groupe de personnes vivant ensemble et poursuivant des buts communs ». Les chrétiens de ma communauté se retrouvent-ils souvent ensemble? Poursuivent-ils des buts communs? Sont-ils animés d’une communion de sentiments?

Ce sont des questions qu’il faut se poser. Comment pouvons-nous montrer à la société combien nous nous aimons si nous sommes si peu souvent ensemble? Créons des espaces et des moments qui vont servir de vitrine à notre amour fraternel et le faire rayonner.

RAYONNER?
La mission de l’Église est de rayonner. Soit, mais comment? Le rayonnement comprend deux éléments: l’émission de lumière et l’émission de chaleur. On peut considérer l’émission de lumière comme l’explication de l’Évangile et l’émission de chaleur comme la démonstration de l’Évangile.

L’Église s’est surtout consacrée à diffuser la lumière de l’Évangile, à défendre la vérité, à argumenter. Et elle a parfois négligé la diffusion de la chaleur de l’amour. Si elle n’a pas manqué de favoriser l’amour en son sein, l’Église a quelquefois oublié d’ouvrir les portes et les fenêtres pour que cette chaleur diffuse vers l’extérieur. On est si bien au chaud entre nous!

On considère aujourd’hui le réchauffement climatique comme une menace absolue mais on néglige le refroidissement affectif dont parlait Jésus (Matthieu 24: 12) et qui constitue une menace plus grande encore pour l’humanité. Jésus a dit à ses disciples: « Vous êtes la lumière du monde » (Matthieu 5: 14). Il aurait pu leur dire aussi: « Vous êtes la chaudière du monde ».

Toutefois, dans notre zèle, réglons correctement l’intensité du rayonnement: l’Évangile doit éclairer, pas éblouir. Il doit réchauffer et non brûler: « Que l’amour soit sans hypocrisie », écrit Paul (Romains 12: 9). Encore une fois, tout est question d’équilibre et de complémentarité.

EN PRATIQUE: RAYONNER L’ÉVANGILE
À titre d’exemples, voici quelques « étalages » dans lesquels nous essayons de mettre l’amour et l’unité en vitrine.

Comme beaucoup de communautés chrétiennes, nous avons instauré un moment convivial après le culte, autour d’une tasse de café et d’une pâtisserie.

Nous avons mis en place un repas communautaire une fois par mois qui attire jusqu’à soixante-dix personnes et de nombreux visiteurs extérieurs. Les repas renforcent l’unité des chrétiens qui n’ont pas le temps de se voir ni de se parler autrement que par le biais des quelques minutes après le culte. Ces repas permettent de connaître et apprécier d’autres chrétiens que nos amis ou nos chrétiens préférés. Ils permettent aux non-chrétiens de découvrir une ambiance saine, sans grossièreté et bienveillante.

Nous encourageons les chrétiens à retenir le prénom de chaque personne dans l’Église. Il n’est pas rare que certains fréquentent l’Église depuis des années sans connaître tout le monde. Nous incitons les chrétiens à passer les cinq premières minutes après le culte avec des gens qu’ils ne connaissent pas, selon un principe développé par Rick Warren.

Notre réunion de prière, bien fréquentée, est ouverte. Nous n’hésitons pas à y inviter les gens du quartier ou nos contacts. Nous sous-estimons parfois l’impact que représentent des prières non récitées, dans un dialogue simple et direct avec Dieu. Les gens nous voient vivre, parler et prier.

Nous avons formé les chrétiens à l’accueil dans le temple. Nous avons mis en place une équipe d’accueil aussi efficace que discrète dans le temple. Ils ne portent évidemment pas de badge « accueil ».

Notre concept repose sur la règle des trois « A »: « A + A = A ». Ce qui se traduit par « Accueillir comme Jésus + Accompagner comme Jésus = Aimer comme Jésus ». Nous cherchons à construire une relation authentique avec chaque personne, dans l’amour et le respect de chacun.

Nous avons formé les chrétiens au fonctionnement de groupes de maison. Ceux-ci offrent une réelle opportunité de rayonner l’Évangile dans un cadre plus intime. La chaleur de l’amour se répand sur chaque personne. Les groupes de maison permettent aux « oubliés » de l’Église, ceux qui ont peu de contacts et d’amis dans l’Église, de recevoir l’intérêt qu’ils méritent.

Ces groupes permettent des relations moins superficielles que dans l’Église. Ils offrent aussi une vitrine plus large que l’observation d’un seul individu. Un non-chrétien peut observer le comportement des chrétiens en groupe sans devoir intégrer toute la tribu! Ses questions peuvent trouver des réponses dans les temps d’échange et de partage. Ses fardeaux peuvent être partagés pendant un moment de prière. Nous encourageons les chrétiens à inviter leurs amis dans les groupes de maison.

Nous n’avons rien inventé. Nos groupes de maison sont axés sur les quatre principes tirés d’Actes 2: 42: « Ils persévéraient dans l’enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain et dans les prières ». En pratique, nous prenons soin les uns des autres en construisant des relations fortes (communion fraternelle). Nous accompagnons les gens vers Jésus, en mini-communauté, en leur faisant découvrir la Bible (l’enseignement des apôtres). Nous prions les uns pour les autres en ciblant les besoins précis des participants. Nous partageons une collation ou un repas. Nous avons mis en place huit groupes de maison dans lesquels ces principes simples sont développés.

Article extrait de Communiquer l’Evangile aujourd’hui, de Marc Van de Wouwer, paru en mars 2020