Le message proclamé par ce livre n’est pas une plaisanterie. Pas un titre chrétien cool. C’est de la théologie sérieuse, de la théologie évangélique. Je parlerais même de théologie du réveil. Je l’ai apprise depuis que j’ai été confronté au réveil, il y a des années de cela. Dans les cinq mots du titre se trouve en raccourci le message entier du réveil, le message de la grâce. Charles Finney, le grand théologien et évangéliste du dix- neuvième siècle a dit que: « Le réveil présuppose toujours un déclin ». Le mot même – « re-éveil » – commençant par le préfixe latin « re – » (« à nouveau ») confirme cette réalité.

C’est Dieu qui fait son œuvre à nouveau dans les cœurs qui connaissent un déclin spirituel. Ce n’est pas une vallée verte devenant plus verdoyante, mais une vallée pleine d’ossements secs qui se mettent debout pour former une très grande armée. Ce ne sont pas de bons chrétiens qui deviennent meilleurs, mais ceux qui sont comme « une vallée morte et pleine d’ossements » qui se mettent à porter à nouveau du fruit. Il est évident que ceux qui sont les plus rapides à admettre leur déclin seront parmi les premiers à partager les bénédictions du réveil.

En ayant cela à l’esprit, je veux prendre les mots de ce titre très au sérieux et les regarder de très près, sur chaque facette. Ils nous donneront la clé de beaucoup de choses que nous allons étudier ensemble.

BONNE NOUVELLE

Lorsque l’ange du Seigneur apparut aux bergers lors de la nativité, il leur dit, pour les rassurer: « N’ayez pas peur: je vous annonce une nouvelle qui sera pour tout le peuple le sujet d’une très grande joie ».

Plus tard à Nazareth, lorsque Jésus a ouvert le rouleau des Écritures et lu ceci: « L’Esprit du Seigneur repose sur moi parce qu’il m’a désigné par l’onction pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres ».

Jésus est venu pour proclamer la Bonne Nouvelle. C’est le sens littéral du mot Évangile. En grec, les deux mots ont été collés pour n’en former qu’un: euaggelion (prononcer « euhânguélione »). Lorsqu’il est écrit: « Ils prêchèrent l’Évangile », vous avez ce mot unique en grec, excepté si c’est la forme verbale du mot.

Si « Bonne Nouvelle » est le sens du mot, alors « Bonne Nouvelle » serait le sens du verbe! Le mot « évangéliste » est de la même racine et signifierait littéralement: « bonne-nouvelleur », c’est-à-dire un annonceur de bonnes nouvelles. Quel noble nom et noble vocation!

C’est ce que nous devrions entendre dans nos Églises: de bonnes nouvelles. Mais nous n’en entendons que très peu. Ce qui passe en général pour de bonnes nouvelles n’est en réalité, bien souvent, que de bons conseils. Parfois très érudits et personne ne mettrait en doute leur sincérité ou leur orthodoxie. Mais ce ne sont toujours que de bons conseils. Et on n’entend que très peu de bonnes nouvelles.

La faiblesse des bons conseils est que nous sommes faibles. Il en va des bons conseils comme de ce que Paul disait à propos la loi: « la chair la rendait sans force ». Même s’ils sont excellents, nous n’avons pas la force morale pour parvenir à les mettre en pratique. De toute façon, ils arrivent certainement trop tard.  Ce qu’on nous a dit d’éviter…  nous l’avons déjà commis. Les bons conseils reviennent à « fermer la porte de l’écurie alors que le cheval s’est déjà échappé ».

Alors que j’étais jeune garçon sur le point d’entrer en internat, ma mère, veuve, a pensé qu’elle devait m’instruire sur les réalités de la vie concernant la sexualité. Elle voulait m’avertir solennellement de ses dangers. Sans mon père, il n’y avait personne d’autre pour le faire. Elle m’a pris dans une chambre, a éteint la lumière pour cacher son embarras et m’a dit ce qu’elle avait à dire. Elle m’a donné, qu’elle en soit bénie, de splendides conseils ce jour-là. Mais c’était trop tard. J’étais déjà au courant. Et j’avais déjà commencé à jouer avec certaines choses.

Lorsque Jésus vient à nous, il ne vient pas avec de bons conseils, mais avec de bonnes nouvelles. Il ne dit pas: « Ne fais pas cela, ne fais pas ceci », mais: « Tu as déjà commis l’interdit, mais je viens à toi avec une Bonne Nouvelle ». Quelle nouvelle!

La joyeuse nouvelle des péchés pardonnés,
De l’enfer dompté et de la paix avec le ciel.

Ces deux vers d’un cantique anglais bien connu, en sont le résumé le plus court.

La suite de cette étude des grandes paroles de l’Évangile sera une exploration de la plénitude de cette Bonne Nouvelle qui vous laissera sans voix.

Même si le pire a eu lieu, l’étendue de la grâce de Jésus a pourvu à l’avance pour tout. Elle est telle qu’il te dit: « Prends courage, mon enfant, tes péchés te sont pardonnés ». Tes péchés, et toutes les calamités qui peuvent te tomber dessus, peuvent te prendre par surprise. Ils ne le prendront jamais par surprise, lui: il les a anticipés. Il a toujours de bonnes nouvelles pour toi.

POUR DES REBELLES

Notre passé ne supporte pas une inspection minutieuse. Il n’y a pas grand-chose à mettre à notre crédit. Il y a de nombreuses taches sur notre ardoise. Tout cela ne fait pourtant aucune différence quant à la faveur dont nous jouissons auprès de Dieu. Nous sommes toujours et encore aimés, comme pécheurs. Il nous donne toutes nos chances, et nous encourage à nous repentir.

Un de mes versets favoris de l’Apocalypse est: « Il nous aime, il nous a délivrés de nos péchés, par son sacrifice ». Il n’est pas dit qu’il nous a lavés de nos péchés et qu’ensuite il nous a aimés. Mais qu’il nous a aimés, aussi sales que nous étions, et qu’ensuite il nous a délivrés! En d’autres termes, il est venu avec une Bonne Nouvelle pour les rebelles que nous sommes.

C’est extraordinaire! C’est la meilleure définition que l’on pourrait imaginer pour cette étrange et merveilleuse qualité de Dieu que l’on appelle la grâce. Cette faveur imméritée. Un chapitre entier sera consacré à ce sujet. Il suffit de dire, à ce point, que si nous avions tous les professeurs de théologie du monde entier, nous ne pourrions pas définir la grâce mieux que ne le fait ce titre: « Bonne Nouvelle pour des rebelles ».

On pourrait penser que si Dieu a une Bonne Nouvelle à annoncer, elle soit pour de bonnes personnes. Entendre que Dieu a une Bonne Nouvelle pour de mauvaises personnes, des rebelles, est l’inverse de ce à quoi on s’attendrait. Cela semble un outrage à nos valeurs morales. Et pourtant, c’est l’Évangile que Jésus nous a révélé en venant dans ce monde. La signification de ce mot « grâce », n’est rien moins que cela.

Ce ne serait pas une bonne nouvelle si cela ne s’adressait qu’à de bonnes personnes. Aux yeux de Dieu, aucun d’entre nous ne se trouve dans cette catégorie: « Il n’y en a pas un qui fasse le bien, non, pas même un seul  ». Mais la Bonne Nouvelle est faite sur mesure pour les pécheurs, et cela nous qualifie tous: « Tous ont péché, en effet, et sont privés de la glorieuse présence de Dieu ». Une fois que le péché entre dans une vie, Dieu ne s’occupe que d’une chose: le rétablissement. Il n’est pas intéressé à faire une enquête; c’est le rétablissement qu’il cherche. Cela fait de sa bonne nouvelle, une nouvelle meilleure encore!

AUSSI POUR LES CHRÉTIENS

Cette Bonne Nouvelle pour des rebelles est toujours d’actualité, même si ces mauvaises personnes sont converties. Je le sais bien: parler de convertis comme étant des rebelles sonnera étrange pour certains. C’est une réalité, même ceux qui connaissent le Christ comme leur Sauveur peuvent faire des choses mauvaises, peuvent réagir comme des rebelles, peuvent entrer dans des relations navrantes avec d’autres et se retrouver dans des circonstances compliquées par leur propre faute. Si ça, ce n’est pas être rebelle, alors qu’est-ce? Même pour eux, Dieu a de bonnes nouvelles.

Lorsque les chrétiens chutent, ils sombrent parfois dans une forme de désespoir. Ils ne se souviennent que de leurs manquements, au lieu de se rappeler l’amour personnel que le Christ a pour eux. Il faut les persuader que la guérison est possible. Qu’il n’est jamais trop tard pour se repentir. Qu’aucune situation n’est trop corrompue pour être hors de portée de la grâce. Ils ne doivent pas seulement comprendre que Dieu a prévu ce qu’il faut pour leur rétablissement, mais qu’il est essentiel qu’ils en fassent usage.

Pour les petites choses comme pour les grandes, ils doivent être convaincus que le sang de Christ leur assure un rétablissement total et qu’il n’y a plus de raison de désespérer. Je rappelle souvent que lorsque David a retrouvé le chemin vers Dieu après sa terrible chute, il n’a pas seulement dit: « Heureux celui dont la faute est effacée  », mais il a ajouté: « au compte de qui l’Éternel ne porte pas le péché », c’est-à-dire, auquel la plus petite bribe de faute ne se rattache plus. Et comme si ce n’était pas assez il ajoute: « et qui est exempt de mauvaise foi!  ». C’est-à-dire: « Je ne cache plus rien, maintenant! ».

ADMETTRE AVEC HONNÊTETÉ

Une condition implicite: il faut que le rebelle confesse qu’il est rebelle.

Comment puis-je recevoir la Bonne Nouvelle pour des rebelles si je ne confesse pas que j’en suis un, moi aussi? Si votre cœur est touché par cette Bonne Nouvelle, vous ne pourrez pas l’éviter. Vous avez même besoin d’une plus grande aide de Dieu, si vous espérez recevoir la Bonne Nouvelle tout en conservant de la duplicité dans votre cœur! Cette condition implicite donne du mordant à ce message de la grâce et nous conduit à juger le péché en nous-mêmes. Souvent, une condition implicite est plus contraignante qu’une condition clairement définie.

C’est à vous de faire ce que vous estimez juste et approprié, au vu de ce qui vous est offert: réjouissez-vous, vos péchés sont pardonnés! Vous vous retrouvez étrangement prêt à obéir. Plus encore, vous partagerez cette communion et cet amour chrétien avec les frères qui profitent aussi de cette Bonne Nouvelle pour des rebelles. Eux aussi peuvent témoigner qu’ils se savent qualifiés. N’est- ce pas ironique que la qualité même de pécheur, qui nous semblait devoir nous exclure, nous donne au contraire un sentiment d’appartenance?

CANDIDAT À LA GRÂCE

Ce bref parcours spirituel nous conduit à l’heureuse conclusion qu’être prêt à prendre la place du pécheur fait de nous des candidats à la grâce. Lorsque nous arriverons au chapitre consacré à cette faveur imméritée de Dieu, nous verrons comment notre acceptation de qui nous sommes, de nos torts, fait de nous des candidats à la grâce. Celle-ci n’est pas pour ceux qui ont raison, mais exclusivement pour ceux qui reconnaissent qu’ils ont tort. Prendre simplement la place du pécheur (j’appelle cela être brisé), c’est suffisant pour me donner toutes les qualifications dont j’ai besoin. Je ne suis pas un candidat à la grâce si je prétends avoir raison, mais seulement quand je confesse que je suis dans mon tort. Quelle incitation donc, à prendre cette place bénie, et tout cela par grâce!

Une relecture récente de la période de réveil du 18e siècle, l’époque de Charles Wesley, m’a donné une nouvelle vision de cet appel à la repentance. Wesley s’était converti et avait trouvé la paix avec Dieu. Peu de temps avant que son frère Jean fasse la même expérience. Il est allé de l’avant au début, plus vite et avec plus d’enthousiasme et d’assurance que son frère. Il s’est mis immédiatement à témoigner à tous, parlant de sa découverte de la grâce pour les pécheurs, partout où il pouvait annoncer la Parole.

Il dit, au sujet de l’une de ses rencontres, dans un groupe spirituel: « J’ai posé à tout le monde ma question: “Mérites-tu d’être damné?”. Madame Platt s’est écriée avec la plus grande véhémence  “Oui, je le mérite! Je le mérite!” ». Il ne nous est pas dit dans son journal qui était cette dame ou ce qu’il s’est passé par la suite, mais je suis sûr qu’elle a immédiatement été assurée par Wesley qu’elle était ainsi qualifiée pour recevoir la Bonne Nouvelle. Parce qu’elle avait reconnu son état. Elle a pu commencer à se réjouir dans le Seigneur Jésus.

Là est le commencement de notre examen du thème de la grâce, tiré des fondements même de la parole de Dieu. Une Bonne Nouvelle pour des rebelles, même si les rebelles se révèlent être convertis. Tout cela à la simple condition qu’ils reconnaissent honnêtement leur état de rebelles. Cette reconnaissance faisant d’eux des candidats, comme encore jamais auparavant, pour recevoir la grâce de Dieu et toutes les bénédictions du salut ou du réveil.

Quel paradoxe! À l’école de la grâce, c’est le contraire de ce à quoi on s’attendrait. Le haut est en bas et l’arrière est devant. Cela étant, on ne devrait pas être surpris de voir Dieu proclamer une Bonne Nouvelle pour les rebelles. C’est le chemin du réveil pour l’Église.

TROIS GROUPES

J’aimerais vous proposer une application personnelle. Je crois que la plupart des gens peuvent être répartis en trois groupes. Il serait utile que vous cherchiez à quel groupe vous vous rattacheriez. Cette évaluation pourrait être le début d’une nouvelle vie.

Le premier groupe est celui des rebelles qui s’ignorent. La grande majorité d’entre nous, membres d’une Église ou non, ne nous considérons pas comme rebelles. L’homme est un être moral. Il ne pourrait pas se supporter s’il se considérait absolument rebelle. Chacun d’entre nous cherche à se justifier par ses propres œuvres. L’homme se ment à lui-même depuis tellement longtemps qu’il s’est mis à croire son propre mensonge. Il est tout à fait sincère en croyant qu’il n’est pas intrinsèquement mauvais.

Être religieux renforce la bonne opinion qu’il a de lui-même. C’est là que Dieu commence avec chacun de nous. Il doit trouver des moyens pour montrer à l’homme qui il est vraiment, et le convaincre que la réalité la plus profonde et la plus vraie est qu’il est pécheur. C’est son œuvre en nous.

Pour le prophète Ésaïe, Il l’a fait en lui donnant une vision des séraphins autour du trône de Dieu, adorant, mais se couvrant la face et les pieds devant celui qui était assis sur le trône. Ésaïe a vu ces créatures plus grandes et puissantes qu’il ne pourrait jamais l’être. Il désirait se cacher devant Dieu. À cette vision, il a compris que sa préoccupation majeure avait toujours été de se mettre en valeur. Il a compris qu’être vu, être connu, être entendu, avait toujours été une priorité pour lui.

Ce n’est que lorsqu’il a vu les séraphins se voiler qu’il a prononcé cette prière de brisement: « Malheur à moi! Je suis perdu, car j’ai les lèvres impures et j’habite au milieu d’un peuple aux lèvres impures. Et voici que, de mes yeux, j’ai vu le Roi, le Seigneur des armées célestes ».

Pour d’autres, Dieu utilise d’autres chemins pour nous montrer qui nous sommes vraiment. Jusqu’à ce moment, nous allons de l’avant, merveilleusement insouciants de la vérité sur nous-mêmes. Le fait que nous n’arrivions pas à voir quoi que ce soit de mauvais en nous, ni aucune raison de nous inquiéter, ne signifie pas qu’il n’y ait rien de faux. Cela peut simplement vouloir dire que nous sommes aveugles. Et cela pourra nécessiter notre première confession: « Seigneur, pardonne-moi mon aveuglement. »

La deuxième catégorie est constituée de rebelles qui essayent d’être bons. Aussi sincères qu’ils puissent être, il est vain pour eux d’espérer que cela améliore leur relation avec Dieu ou que cela puisse changer profondément leur vie. La Bible ne nous enseigne pas seulement qu’ils ne deviendront pas assez bons pour aller au ciel, mais elle précise aussi qu’ils feront l’expérience de Paul lorsqu’il essayait d’être bon: « Je ne fais pas le bien que je veux, mais le mal que je ne veux pas, je le commets ».

Et nous finirons par dire avec lui: « Malheureux que je suis! Qui me délivrera de ce corps de mort? ». Si ce n’est pas notre expérience, c’est simplement parce que nous n’essayons pas assez durement! Nous ne saurons jamais qu’essayer n’est pas le chemin vers la paix avant d’avoir essayé, vraiment essayé. C’est seulement alors que nous saurons que nous n’y arriverons jamais. Essayer d’être bon est pour le rebelle le plus sûr moyen de rater le ciel.

JÉSUS, LA FIN DES TENTATIVES INFRUCTUEUSES

La troisième catégorie est composée de ceux dans le cœur desquels le Saint-Esprit a fait son œuvre de brisement. Ce sont les rebelles qui confessent humblement à Dieu qu’ils sont mauvais, et ne se cherchent pas de circonstances atténuantes. Pour eux, il n’y a qu’une personne appelée à la barre. Eux-mêmes! Alors qu’ils se tiennent dans le box des accusés, ils deviennent immédiatement candidats à la Bonne Nouvelle.

Ce que Jésus a accompli pour eux, sa grâce, est plus grand que leurs péchés. Jésus est la fin de l’inutile essayer et le début du fructueux trouver. Ils courent vers lui avec tous leurs manquements. Lui, de son côté, devient tout ce dont ils ont besoin. Ils allument le courant pour ainsi dire. Pour certains c’est naître de nouveau, pour d’autres, c’est retrouver leur « premier amour » perdu.

Cela s’appelle le réveil.

Article extrait du livre Bonne nouvelle pour des rebelles, par Roy Hession,