La première confession de foi officielle de l’Église débute ainsi: « Nous croyons en un seul Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, de toutes les choses visibles et invisibles ».
Une confession de foi est une tentative de résumer le contenu de notre foi en quelques phrases seulement. Une confession de foi renferme l’ensemble des énoncés que nous considérons comme vrais par rapport à la Bible. Toute confession de foi se définit de façon positive (ce que nous croyons) et négative (ce que nous ne croyons pas). Par exemple, la phrase « Nous croyons en un seul Dieu […] créateur » enseigne à la fois positivement ce que nous croyons, mais souligne aussi ce que nous ne croyons pas: le christianisme ne croit pas qu’il existe plusieurs dieux ou que le monde a toujours existé.
À l’époque du concile de Nicée (325 apr. J.-C.), beaucoup de gens, notamment les Grecs, pensaient que l’univers était éternel, qu’il n’avait jamais eu de commencement. Les Grecs ne croyaient donc pas qu’il y avait forcément un dieu créateur de qui viennent toutes choses. Aujourd’hui, il serait difficile de trouver quelqu’un qui croit que l’univers a toujours existé, car le consensus scientifique est que l’univers physique a eu un commencement. La théorie scientifique dominante actuelle est la théorie de l’évolution. Plusieurs pensent réellement que la théorie de l’évolution a réglé la question de Dieu:« Si nous sommes le fruit d’une évolution nous n’avons pas besoin d’un Dieu créateur ».
Malheureusement – ou heureusement – la question n’est pas aussi simple que cela. Pour évoluer, nous avons dû évoluer de quelque chose. Le philosophe Leibniz, il y a trois cents ans, posait déjà la question : « Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien? ». Pensons-y un instant. Pensez au vide, au vide complet. S’il y a le vide aujourd’hui, qu’y aura-t-il demain ? Rien. Et après-demain ? Rien. Et dans 10 ans ? Rien. Et dans 1 000 ans ? Rien. Pourquoi?
Parce qu’il y a une règle en physique qui dit « Ex nihilo nihil fit » : De rien, rien ne vient. Or, Leibniz fait remarquer qu’il y a manifestement quelque chose. La véritable question n’est donc pas « Comment se sont passées les choses? » (ce à quoi la science peut répondre), mais bien « Pourquoi y a-t-il même quelque chose? ». Cette dernière question dépasse le domaine de la science. Il m’est arrivé dans ma vie de me poser cette question: « Est-ce vraiment logique de penser qu’un Dieu éternel a créé tout l’univers? ». En bon philosophe, je me pose alors la question suivante: « Si Dieu n’existe pas, quelles sont donc mes autres options pour expliquer notre existence? ». J’ai le choix entre le fait qu’il n’y avait absolument rien et puis pouf, il y a eu « quelque chose » qui a semé des planètes rondes qui tournent autour du soleil, et cela, dans des milliards de galaxies ou encore que l’Univers ait simplement toujours existé et n’ait jamais eu de cause première. C’est beau de croire que l’on vient d’une cellule, mais encore faut-il que la planète, le soleil et la couche d’ozone existent. D’où vient tout cela? Mon constat : l’existence du monde est toute aussi « miraculeuse » ou improbable que l’existence d’un Dieu créateur éternel.
En d’autres mots, les trois options demandent une certaine explication miraculeuse :
- un Dieu éternel,
- un univers éternel ou
- un univers qui s’est créé alors qu’il n’y avait rien du tout.
Dans les trois cas, nous avons besoin de recourir à une cause première n’ayant elle-même aucune cause. On n’a rien inventé : Aristote, le philosophe le plus important de toute l’histoire, était déjà arrivé à cette conclusion. On le verra un peu plus loin. Au 16e siècle, il fut découvert, peu après la Réforme protestante, que le monde était régi par des lois (la loi de la gravité, la loi de l’inertie, etc.). Auparavant, on pensait que Dieu (ou des dieux) contrôlait tous les aspects de ce qui se passait sur la terre. La science était donc l’étude (et l’utilisation) des lois qui régissent notre monde. S’il n’y avait pas de lois physiques dans le monde, il n’y aurait pas non plus de possibilités pour les automobiles de fonctionner ou pour les avions de s’envoler. La science était donc à la recherche de ces lois afin de comprendre notre monde et faire des avancées scientifiques. On pense parfois que tous les scientifiques sont athées puisqu’ils sont rationnels. En réalité, beaucoup de scientifiques sont croyants justement à cause de la science et des lois qui régissent notre univers. Dans notre expérience humaine, il n’y a des lois que s’il y a quelqu’un pour créer lesdites lois (un législateur). C’est l’un des procédés les plus importants de notre système démocratique : rédiger des lois et les faire adopter.
Pourquoi passons-nous tant de temps à peaufiner des lois et des projets de loi ?
Afin que nous ayons une meilleure société, qui soit plus juste et équitable. Un projet de loi mal fait ou mal conçu entraîne souvent des problèmes. Notre société et notre existence entière reposent sur le postulat qu’un monde sans loi n’est pas souhaitable. Non seulement cela, mais pour que les lois fonctionnent, il faut quelqu’un pour les instaurer et quelqu’un pour les faire respecter. C’est pour cela que la police existe : sans police pour donner des contraventions, qui respecterait les limites de vitesse ? Sans examen, qui étudierait? Les lois scientifiques sont bien plus complexes que nos lois humaines. Pour qu’il y ait des lois, il faut qu’il y ait quelqu’un derrière. Il en est de même en science: les lois physiques doivent avoir été instaurées par une intelligence. Imaginons que vous vous promeniez sur une île déserte avec votre neveu et que vous trouviez sur le sol la dernière console de jeux vidéo Playstation. Il serait tout excité, mais vous vous poseriez la question : « D’où vient-elle? À qui appartient-elle? Qui l’a laissée là ? Peut-être un autre voyageur… » Mais il ne vous passerait jamais par l’esprit que la Playstation était en fait une roche qui, après un processus évolutif de deux millions d’années complètement dû au hasard, aurait évolué en Playstation. De même, votre Playstation 4 n’évoluera jamais d’elle-même en Playstation 5. Pourquoi?
Tout simplement parce que la Playstation est une machine complexe qui demande du temps, du matériel et de l’intelligence pour la construire. Quand on y pense, l’être humain est la « machine » la plus complexe au monde. Dans ce sens, il est impossible que l’être humain soit le fruit d’une évolution due au hasard. Au minimum, même s’il y avait évolution, il faudrait que quelque chose, une intelligence conceptrice, planifie ou guide ce processus évolutif. C’est un peu comme un soufflé au fromage : si vous ne le supervisez pas, vous risquez bien plus de vous retrouver avec… du fromage, mais pas soufflé. Car cette simple petite recette « évolutive » demande une supervision, la bonne dose d’ingrédients et une durée exacte de cuisson. En somme, même s’il y avait eu évolution, il faudrait qu’une intelligence créatrice soit derrière. Nous revenons alors à la case départ : qui est-elle? S’est-elle fait connaître? Si oui, que veut-elle? La théorie de l’évolution ne « règle » tout simplement pas la question de Dieu ; au contraire, elle nous pointe encore vers lui. La théorie de l’évolution crée en fait d’autres problèmes importants, dont celui de la moralité que nous verrons dans le chapitre « Et si Dieu n’existait pas? »
La science nous dit que le monde a eu un commencement. La preuve du soufflé au fromage: ce que nous connaissons du monde nous dit que même s’il y avait une évolution positive, il faudrait qu’il y ait une intelligence derrière pour l’orchestrer.
Extrait du livre: Nous croyons en Dieu, Jean Sébastien Morin