Les Français ont peur. Peur de la maladie, peur de la pauvreté, peur de l’étranger, mais aussi (et surtout) peur de la mort. Dans Même pas peur !, Jean-Pierre Magréault donne parfois la parole à des Français comme vous et moi qui ont expérimentés (ou expérimentent toujours) une ou plusieurs peurs. C’est le cas de Christine :

Ma mère est décédée d’une crise cardiaque lorsque j’avais quinze ans, et mon père s’est suicidé un an et demi après. J’ai donc été confrontée très tôt, et de manière brutale, à la mort et à la séparation d’êtres aimés. Pour ne plus me « faire avoir » une fois de plus, j’essayais de contrôler tout ce qui pouvait être contrôlé dans ma vie. La peur de revivre l’annonce d’un décès me hantait et dictait mon comportement.

Lorsque je me suis mariée, je n’avais qu’une hantise : que mon mari décède et que je me retrouve à nouveau abandonnée, seule. Plus le temps passait, moins je supportais ses retards. Pour éviter l’effet de surprise d’une éventuelle annonce de son décès, j’imaginais tout de suite le pire alors que les minutes s’écoulaient. L’angoisse m’empêchait de penser sereinement et d’agir. Préparer le repas sans que mon mari ne soit revenu était inconcevable – quand mon père est décédé, j’avais dû jeter le petit-déjeuner que je lui avais préparé. Je ne vivais plus. Mais lorsque mon mari rentrait, j’étais soulagée. Cela devenait de plus en plus éprouvant d’« enterrer » mon mari plusieurs fois par mois. Je lui en voulais de m’avoir causé du souci.

Mais, un jour, un événement déclencheur m’a forcée à sortir de cette spirale. C’était un vendredi soir : mon mari est resté tard à un repas d’affaires. Il était persuadé de m’avoir dit de ne pas l’attendre, car cela finirait sûrement après minuit. Mais moi, je l’attendais vers 22 h. Les minutes qui ont suivi ont été un enfer. À minuit, j’ai appelé une amie chrétienne. Elle est venue chez moi, nous avons prié et mon angoisse s’est apaisée. Quand mon mari est revenu vers 2 h du matin, j’étais soulagée et je ne lui en voulais pas, contrairement aux autres fois. J’avais la foi, mais la peur d’être confrontée à la mort me paralysait tellement que, dans ces moments-là, je ne pensais même pas à crier mon désespoir à Dieu.

Après cet événement, remplie d’une grande paix, j’ai pris position : dès qu’un épisode similaire se reproduira, je prierai Dieu. La semaine suivante, mon mari était à nouveau en retard pour le repas du soir et n’avait pas pu me prévenir (il n’y avait pas de portable à cette époque !). J’ai senti l’angoisse monter, mais j’ai prié Dieu. Puis j’ai préparé le repas et attendu patiemment en m’opposant aux idées macabres qui m’envahissaient auparavant. De retour à la maison, mon mari s’est réjoui en voyant que la table était mise et que j’étais sereine !

La lutte a duré quelque temps encore. Mais à chaque fois que j’ai crié à lui, Dieu a apaisé mon cœur. Je ne me suis plus jamais sentie seule ou abandonnée. La foi n’était plus pour moi un vague concept philosophique, mais une réalité. La prière, un moyen pratique d’entrer en relation avec Dieu, le Père créateur, qui connaît nos craintes et nos pensées et qui sait ce dont nous avons besoin ! Il suffit d’oser la foi, la relation, la communication avec notre Dieu. Lui seul peut nous délivrer de nos peurs ! Aujourd’hui, j’ai trois grands garçons et je suis heureuse que Dieu m’ait guérie. Autrement, je n’aurais pas pu supporter leurs escapades et leurs retards. Je les aurais privés de la liberté et de l’aventure que la vie nous offre !

Cet article est un extrait du livre Même pas peur ! : La mort, la maladie, la pauvreté et l’étranger : qu’en dit Jésus ? (BLF Éditions) de Jean-Pierre Magreault. La sortie est prévue en mars 2017.