De toute évidence, il existe de profondes failles aussi bien dans la nature humaine que dans la nature physique. Le monde est rempli de comportements humains violents et immoraux, de tremblements de terre, de tsunamis, de cancers… et de la pandémie du coronavirus.

Nous pourrions débattre sans fin de ce qu’un Dieu bon, aimant et tout-puissant devrait faire, de ce qu’il pourrait ou aurait pu faire. Mais c’est un fait, personne n’est jamais ressorti satisfait de ce type d’échanges. Pourquoi? Parce que quoi que nous disions, nous sommes là où nous en sommes et le monde est ainsi fait. Nous sommes tous confrontés à ce tableau contrasté d’une cathédrale en ruine. À la fois à la beauté d’une fleur s’ouvrant au soleil et à la laideur d’un coronavirus détruisant le système respiratoire d’une vie humaine.

En tant que mathématicien, j’ai l’habitude d’essayer de résoudre des problèmes. Lorsque nous ne trouvons pas de solution, même après de nombreuses années de  recherches, nous commençons alors à penser qu’il vaudrait mieux examiner la situation sous un autre angle.

Il y a un autre angle, une autre question que nous pourrions nous poser. Si nous reconnaissons, comme nous le devons, que nous vivons dans un univers qui présente à la fois des merveilles de la biologie et des pathogènes mortels, existe-t-il une preuve quelconque qu’il y a un Dieu? Un Dieu à qui nous pouvons faire confiance quant aux conséquences, à notre vie et à notre avenir?

Nous avons besoin de preuves solides de la bonté de Dieu si nous voulons lui faire confiance. […] Le christianisme affirme que l’homme Jésus-Christ est Dieu incarné: le Créateur s’est fait homme. Au cœur du message chrétien se trouve la mort de Jésus-Christ sur une croix, à la périphérie de Jérusalem. La question se pose immédiatement: s’il est Dieu incarné, que faisait-il sur une croix? Eh bien, cela signifie au moins une chose: Dieu n’est pas resté loin de la douleur et de la souffrance humaines, mais il les a lui-même vécues.

Par conséquent, un chrétien n’est pas tant une personne qui a résolu le problème de la douleur, de la souffrance et du coronavirus. Un chrétien, c’est une personne qui en est venue à aimer et à faire confiance en un Dieu qui a lui-même souffert.

Mais l’histoire n’est pas terminée. Si la vie de Jésus s’était achevée par cette souffrance, nous n’aurions jamais entendu parler de lui… Mais ce n’était pas la fin. Un message a mis Jérusalem en ébullition lors de cette première Pâques. Un message a fasciné le monde du premier siècle. Ce message était le suivant: Jésus a vaincu la mort, il est ressuscité des morts et sera le Juge final de l’humanité.

Je ne saurai trop insister là-dessus. Ce message répond à une difficulté insurmontable de la vision athée du monde: le problème de la justice ultime. Nous le savons, des millions d’êtres humains ont subi de graves injustices au cours de l’histoire. Après avoir vécu malheurs sur malheurs, ils sont morts sans avoir jamais obtenu réparation. De nombreuses victimes du coronavirus feront certainement partie de cette catégorie.

Il ne leur a pas été fait justice dans cette vie. Selon l’athéisme, puisque la mort met le point final à la vie, il est impossible que justice soit rendue dans une prochaine vie. Sans Juge final, pas de justice ultime.

La résurrection, au contraire, déclare que la justice n’est pas une illusion. Elle redonne sens à notre désir de justice. Un jour, les auteurs d’abus, les terroristes, ainsi que les hommes et femmes malveillants de ce monde seront traduits en justice. Quand j’ai essayé de faire valoir cet argument auprès des athées, ils ont souvent rétorqué que la seule chose à faire, c’est d’œuvrer pour plus de justice dans ce monde. Évidemment, je suis d’accord avec eux sur cet aspect! Il est de notre devoir de chrétiens de rendre la société plus juste. Mais voici ce que je leur réponds: agir de cette manière ne fait pas du tout avancer la question de la justice ultime. L’athéisme, par définition, n’en connaît pas. L’athéisme est un affront à notre sens moral.

En revanche, le point de vue biblique soutient la réalité de la justice ultime. Dieu est l’autorité qui rend possible la loi morale et il en sera le défenseur. Il y aura donc un jugement final. À ce moment-là, une justice parfaite sera rendue pour chaque injustice commise depuis le début du monde jusqu’à sa fin. On ne plaisante pas avec la justice.

[…]

Dans un monde brisé, endommagé par les conséquences du péché humain, la douleur et la souffrance sont inévitables. Peut-être nous étions-nous cachés cette réalité jusqu’à ce que le coronavirus se déchaîne sur le globe. Aujourd’hui, nous ne pouvons plus l’ignorer.

Pas plus que nous ne pouvons ignorer les grandes questions de vie et de mort que cette crise suscite. Je cite à nouveau C. S. Lewis:

Nous pouvons réussir à ignorer le plaisir. Mais la douleur exige qu’on s’occupe d’elle, et elle insiste. Dieu nous chuchote dans nos plaisirs, il nous parle dans notre conscience, mais il crie dans nos douleurs: c’est son mégaphone pour réveiller un monde sourd.

Qui sait si le coronavirus pourrait faire office d’énorme haut-parleur? Il nous rappellerait la statistique absolue: 100 % d’entre nous mourront un jour ou l’autre. Si cela pouvait nous inciter à nous tourner vers le Dieu que nous avons peut-être laissé de côté pendant des années!

Vers ce Dieu qui a porté une couronne d’épines pour nous ramener à lui. Et pour nous ramener à un monde nouveau, sans fracture, au-delà de la mort. Alors le coronavirus, malgré les ravages qu’il a causés, aura servi un objectif très sain.

Article extrait du livre Coronavirus: Où est Dieu?, de John Lennox, paru en avril 2020