Qu’est-ce que la théologie biblique?

SUIVRE LA CARTE ROUTIÈRE DES ÉCRITURES JUSQU’À JÉSUS

On peut dire sans craindre d’exagérer que je n’ai aucun sens de l’orientation. Mes amis et les membres de ma famille peuvent tous affirmer que je n’ai jamais été très doué lorsqu’il s’agissait de retrouver mon chemin. Je trouve donc du réconfort en me disant que tout ce que j’ai à faire pour arriver à destination, c’est de suivre correctement les indications d’une carte routière.

Au chapitre précédent, nous avons vu comment une mauvaise compréhension du récit biblique produit de faux évangiles et de fausses églises. À présent, nous devons établir un cadre pour bien saisir l’ensemble de la Parole.

C’est ce que nous fournit une théologie biblique, puisqu’en guidant notre lecture, elle nous prémunit contre une interprétation erronée. Il s’agit d’une approche selon laquelle nous lisons la Bible dans son entièreté, tout en portant attention à son message principal, c’est-à-dire Jésus-Christ. Autrement dit, la théologie biblique est la carte routière des Écritures qui nous mène à Jésus.

Mais comment pouvons-nous être certains que Jésus est le point de mire de toute la Bible? Nous le savons parce qu’il nous l’a dit.

LA MEILLEURE ÉTUDE BIBLIQUE QU’ON AIT JAMAIS ANIMÉE

Imaginez que vous ayez été présents avec les disciples, lorsqu’ils ont rencontré le Christ ressuscité sur le chemin d’Emmaüs. Cet épisode incroyable nous a été relaté dans Luc 24. Il s’agit littéralement de la meilleure étude biblique qui soit.

Deux disciples avaient entrepris à pied le trajet de 11,25 km qui mène de Jérusalem à un village. Luc nous relate que « pendant qu’ils parlaient et discutaient, Jésus s’approcha, et fit route avec eux. Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître » (Lu 24.15,16). Les deux individus lui ont alors fait part des choses incroyables qui venaient de se dérouler à Jérusalem:

Es-tu le seul qui, séjournant à Jérusalem ne sache pas ce qui y est arrivé ces jours-ci? – Quoi? leur dit-il. Et ils lui répondirent: Ce qui est arrivé au sujet de Jésus de Nazareth, qui était un prophète puissant en œuvres et en paroles devant Dieu et devant tout le peuple, et comment les principaux sacrificateurs et nos magistrats l’ont livré pour le faire condamner à mort et l’ont crucifié. Nous espérions que ce serait lui qui délivrerait Israël; mais avec tout cela, voici le troisième jour que ces choses se sont passées. Il est vrai que quelques femmes d’entre nous nous ont fort étonnés; s’étant rendues de grand matin au sépulcre et n’ayant pas trouvé son corps, elles sont venues dire que des anges leur sont apparus et ont annoncé qu’il est vivant. Quelques-uns de ceux qui étaient avec nous sont allés au sépulcre, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit; mais lui, ils ne l’ont point vu (24.18-24).

Jésus leur a répondu:

« Ô hommes sans intelligence, et dont le cœur est lent à croire tout ce qu’ont dit les prophètes! Ne fallait-il pas que le Christ souffre ces choses, et qu’il entre dans sa gloire? » Et, commençant par Moïse et par tous les prophètes, il leur expliqua dans toutes les Écritures ce qui le concernait (24.25-27).

Plus tard, Jésus a rappelé à ses disciples:

« C’est là ce que je vous disais lorsque j’étais encore avec vous, qu’il fallait que s’accomplisse tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les prophètes, et dans les psaumes. » Alors il leur ouvrit l’esprit, afin qu’ils comprennent les Écritures. Et il leur dit: « Ainsi il est écrit que le Christ souffrirait, et qu’il ressusciterait des morts le troisième jour, et que la repentance et le pardon des péchés seraient prêchés en son nom à toutes les nations, à commencer par Jérusalem » (24.44-47).

En d’autres mots, lorsque Jésus a fait un survol des écrits de l’Ancien Testament, c’est-à-dire ceux de Moïse, des prophètes et des Psaumes, il voulait que ses disciples comprennent que dans tous ces livres, il était question de lui. Voici comment Luc le raconte: « il leur expliqua dans toutes les Écritures ce qui le concernait. »

Les paroles de Jésus étaient parfaitement limpides. Lire l’Ancien Testament sans saisir qu’il parle de Jésus est insensé. Tout le récit de la Bible porte sur lui. L’Ancien Testament annonce la promesse de la venue du Messie et attire nos regards sur lui et sur sa mission. Le Nouveau Testament révèle l’accomplissement de ces promesses glorieuses en Christ.

Ainsi, le scénario des Écritures a pour thème le Dieu-Roi et son règne de grâce. Il ne parle que du pardon des péchés que ce Souverain a acquis pour son peuple issu de toutes tribus, de toutes langues et de toutes nations. Lorsqu’on comprend cela correctement, on constate que tout le récit de la Bible est orienté du début à la fin sur Jésus-Christ.

QU’EST-CE QUE LA THÉOLOGIE BIBLIQUE?

Une brève explication du sens que nous attribuons à l’expression « théologie biblique » est de mise. Car si nous croyons que la Bible est la Parole inspirée et infaillible de Dieu, ne devrions-nous pas chercher à ce que toute notre théologie soit « biblique »? Oui, bien sûr.

Mais dans cet ouvrage, lorsque nous employons l’expression « théologie biblique », nous faisons référence à quelque chose de plus précis que cela.

Tout d’abord, avec la théologie systématique, on commence avec de grands thèmes (Dieu, l’Homme, le péché, Christ, le salut, etc.), puis on sonde les Écritures pour découvrir ce qu’elles enseignent sur ces sujets. Ensuite, avec la théologie biblique, on effectue la lecture de l’ensemble de la Parole et on cherche en quoi chaque section se rapporte à l’ensemble de l’œuvre.

La théologie biblique est une façon de lire la Bible comme un livre formant une seule histoire provenant d’un seul auteur divin et aboutissant à Jésus-Christ, sa personne et son œuvre, de manière à interpréter chaque passage à sa lumière.

La théologie biblique nous aide à voir les Écritures comme un grand livre qui en contient lui-même plusieurs petits, qui racontent une seule grande histoire. Jésus-Christ est le héros et la pièce maîtresse de ce récit, de la première à la dernière page.

La théologie biblique est pour l’Église; elle s’amorce avec la Bible et se termine avec le Roi Jésus et son Église.

La théologie biblique est pour l’Église

Bien que cette discipline devienne parfois très technique et spécialisée, les premiers chrétiens eux-mêmes y attachaient de l’importance et en voyaient l’utilité pour l’Église.

Nous lisons dans Actes 17 que Paul et Silas ont partagé l’Évangile à Thessalonique et qu’ils ont par la suite annoncé la Parole de Dieu pendant un certain temps aux Juifs de la synagogue de Bérée. Paul « discuta avec eux, d’après les Écritures, expliquant et établissant que le Christ devait souffrir et ressusciter des morts. « Et Jésus que je vous annonce, disait-il, c’est lui qui est le Christ” » (17.2,3).

Que s’est-il passé? Plusieurs de ces Juifs ont cru, de même que « beaucoup de femmes grecques de distinction, et beaucoup d’hommes » (17.12).

Les gens de Bérée ont écouté les explications de Paul, son raisonnement et ce qu’il établissait au moyen de l’Ancien Testament. Ils l’ont entendu proclamer que le Roi promis par Dieu, Jésus-Christ, « devait souffrir et ressusciter des morts » (Ac 17.3).

L’apôtre a aidé ses auditeurs à comprendre en quoi le scénario des Écritures était centré sur Jésus et en quoi celui-ci était son point culminant. Paul leur a fourni une carte des Écritures qui les a conduits à Christ et, par la grâce de Dieu, plusieurs dans cette ville ont cru.

Remarquez cependant que ces gens ne s’en sont pas tenus uniquement aux paroles de Paul. Luc, l’auteur du livre des Actes, nous dit: « Ces Juifs avaient des sentiments plus nobles que ceux de Thessalonique; ils reçurent la parole avec beaucoup d’empressement, et ils examinaient chaque jour les Écritures, pour voir si ce qu’on leur disait était exact » (Ac 17.11).

Les Béréens étaient enthousiastes à l’égard de la Parole et ils vérifiaient si ce qu’on leur enseignait y était conforme.

Les chrétiens de l’Église primitive ne voyaient pas la discipline de la théologie biblique comme étant réservée aux apôtres ou à des professionnels diplômés d’un séminaire prestigieux.

Au contraire, ils comprenaient que c’était leur responsabilité de sonder les Écritures et d’établir un cadre qui leur soit conforme afin de saisir que Jésus est le centre et le point culminant du récit biblique.

Ils comprenaient que la théologie biblique était pour l’Église. Si vous êtes en Christ, elle est pour vous.

La théologie biblique s’amorce avec la Bible

C’est par une lecture attentive de la Bible et la prière que débute la théologie biblique. Nous devons ouvrir la Parole en ayant une attitude humble et en cherchant à comprendre son histoire grandiose selon ses propres règles.

La Bible est extrêmement variée. Il s’agit d’un livre composé de nombreux petits livres, dont les auteurs multiples ont écrit à diverses époques et avec divers styles. Donc, quand nous la lisons, nous découvrons qu’elle contient toutes sortes de styles: celui de la narration, de la poésie, de la législation, de la sagesse, de la prophétie, des épîtres et des Évangiles.

Lorsqu’on essaie de relier tous ces livres qui ont été écrits à des époques et des endroits différents, pour une grande variété de lecteurs, on peut avoir l’impression d’être chargé de réaliser une gigantesque tâche. C’est justement le cas!

Cependant, il ne faut pas la considérer comme insurmontable. Puisque la Bible est effectivement un seul livre inspiré de Dieu, la théologie biblique est tout à fait réalisable. « Toute Écriture est inspirée de Dieu » (2 Ti 3.16). La cohésion du récit biblique est fondée sur son auteur suprême: Dieu lui-même.

Voyez ce que dit l’apôtre Pierre au sujet de la Bible: « aucune prophétie de l’Écriture ne peut être un objet d’interprétation particulière, car ce n’est pas par une volonté d’homme qu’une prophétie a jamais été apportée, mais c’est poussés par le Saint-Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu » (2 Pi 1.20,21).

Si ces livres ont été inspirés par le Seigneur lui-même, nous devrions les lire attentivement avec une attitude de dépendance dans la prière, en cherchant à comprendre son objectif et son plan merveilleux.

Imaginez que chaque livre de la Bible brille telle une étoile dans le ciel. Mais ce n’est qu’en contemplant la vue d’ensemble que l’on s’aperçoit que ces astres font partie d’une constellation immense et glorieuse. La théologie biblique analyse et synthétise chaque étoile, puis elle prend du recul pour contempler le panorama de l’époustouflante pléiade de la gloire divine.

Et que trouve-t-on au centre de cette glorieuse constellation? On découvre Dieu le Père qui envoie son Fils racheter un peuple pour sa propre gloire, à travers l’Esprit.

La théologie biblique se termine avec le Roi Jésus et son Église

L’Église entière a le privilège de s’adonner à la théologie biblique. Il nous faut lire attentivement chaque section de la Bible avec une attitude de dépendance dans la prière pour saisir le sens de l’ensemble des livres. Lorsque nous lisons et relisons jour après jour l’ensemble de l’histoire de la Bible, la centralité de Jésus devient de plus en plus évidente.

Lisez attentivement ces paroles de Paul: « Il est avant toutes choses, et toutes choses subsistent en lui » (Col 1.17). C’est Christ, le Roi promis, qui constitue le ciment qui lie tout ensemble, y compris la grande histoire des Écritures. L’Ancien Testament attire nos regards vers l’avenir et, pour ainsi dire, il aplanit le chemin pour la venue du Roi.

Le Nouveau Testament proclame l’arrivée de ce Roi ainsi que sa mission envers toutes les nations. Par conséquent, la théologie biblique se termine avec le Roi Jésus et  l’accomplissement de ses promesses de sauver un peuple pour lui-même et de le racheter pour sa gloire.

CONCLUSION

La théologie biblique nous aide à lire la carte glorieuse des Écritures qui nous oriente vers le Roi ressuscité et souverain, ainsi que sur son peuple racheté par son sang. Tout comme ces disciples sur le chemin d’Emmaüs, nous devons ouvrir nos yeux et notre esprit (Lu 24.31,45) de manière à distinguer Jésus pour l’aimer de tout notre cœur au fil des Écritures (Lu 24.32).

Si nous lisons correctement la carte routière de la Bible, elle devrait toujours nous mener à Jésus, et nous faire connaître notre identité en tant que peuple qui lui appartient. À présent, consacrons du temps à étudier ce plan biblique ensemble et à constater par nous-mêmes qu’il y est question du Roi et de ses intentions d’être glorifié en rachetant pour lui-même un peuple.

Article extrait de La théologie biblique, Nick Roark, Paru en Juin 2020