Le pouvoir des questions

L’extrait qui suit est tiré du livre Quand Dieu ouvre les portes : Une femme au coeur de l’action de Dieu dans le monde musulman.

Dans notre expérience familiale, la porte qui ouvre les occasions de témoignage prend souvent la forme d’un point d’interrogation. La question nous est parfois servie sur un plateau, comme le jour de la fête musulmane de l’Aïd al adha. Cette fête n’est pas seulement l’occasion de rendre visite à toutes ses connaissances, elle a aussi cette particularité de débuter par une conversation d’ordre spirituel.

Nous sommes chez Habiiba. Je viens rendre visite aux femmes pour l’Aïd. Habiiba est la fille aînée de la maison de son père, elle a donc la lourde responsabilité de préparer le repas gargantuesque et de gérer tous les autres détails de la réception. Sa sœur Noora s’assied donc avec moi dans le majlis.

— Que signifie l’Aïd al adha ? dis-je avec un véritable intérêt.

Ma question est sincère (il n’a probablement jamais été aussi facile de démarrer une conversation d’ordre spirituel). Noora, une fille très terre à terre et plus mature que les autres adolescentes, est toujours contente de pouvoir m’en apprendre plus sur l’islam. En temps normal, elle laisserait la parole à sa sœur aînée, en signe de respect, mais aujourd’hui, elle n’a pas à le faire. Son visage s’illumine à la seule idée de pouvoir me répondre :

— Par cette fête, nous commémorons l’histoire de notre maître Abraham – la paix soit sur lui. Il lui a été ordonné, dans un songe, de sacrifier son fils aîné, Ismaël. Au réveil, c’est ce qu’il a fait.

Elle poursuit son explication, en précisant qu’il s’agit bien d’Ismaël, et non d’Isaac, comme si elle s’attendait à ce que je soulève le débat. Mais je suis intriguée par la présence de ce récit dans le Coran:

— Tu veux dire qu’Abraham l’a réellement sacrifié ?

Noora accélère le débit :

— Mais non ! Il avait placé le garçon sur l’autel et il était prêt à le tuer pour l’offrir en sacrifice quand Dieu l’a stoppé net.

Incroyable ! Je veux en savoir plus.

— Et c’est tout ? Il lui a juste dit d’arrêter ? Que s’est-il passé ?

D’une certaine manière, mon enthousiasme semble calmer Noora :

— Eh bien, Dieu l’a arrêté et a fait descendre du ciel un bélier pour remplacer le sacrifice.

Un bélier du ciel !

Incroyable ! Dieu a veillé à insérer dans le Coran un rayon de lumière de l’Évangile !

— Et pourquoi vous célébrez cette histoire ? Elle a quel sens pour les musulmans ?

C’est au tour de Noora de me poser une question :

— Quel sens ?! Qu’est-ce que tu veux dire ? C’est juste un truc qu’on fait pour nous rappeler l’histoire. Ça ne veut rien dire. (Son regard devient confus.) Où veux-tu en venir ?

— Eh bien, c’est juste qu’une célébration aussi importante ne peut pas se faire sans raison. Il y a forcément une signification derrière cette histoire. Le récit se trouve aussi dans la Bible et il y tient une place importante justement parce que nous le considérons comme très fort et riche de sens. Tous les récits bibliques ont une signification profonde.

Nos regards se croisent un instant. À ce moment, une autre question flotte dans l’air… qui attend d’être posée… Noora finit par la poser :

— Et quelle est sa signification ?

Quelle joie indescriptible de pouvoir enfin la lui raconter !

— Tu te souviens comment, en Éden, Adam et Ève ont mangé le fruit défendu ?

Dieu leur avait dit qu’ils mourraient s’ils le faisaient. Ce serait la mort physique du corps, mais aussi la mort éternelle de l’âme. Dieu les aimait et voulait qu’ils vivent au ciel avec lui pour toujours, mais il est saint et il ne rompt jamais ses promesses. Il a dit que le salaire du péché est la mort et rien ne peut modifier cette parole. Par contre, il a rendu possible qu’une autre personne soit condamnée à mort pour eux. Il a promis d’envoyer, un jour, un substitut venu du ciel pour mourir à la place des pécheurs. De cette manière, il pourrait leur pardonner sans rompre sa promesse. Eh bien ! cette histoire symbolise sa promesse.

Je poursuis :

— Dieu a dit du fils d’Abraham qu’il devait mourir – tout comme il le dit de tous les pécheurs. Et lorsque Dieu a empêché la mort du fils et envoyé un bélier venu du ciel pour prendre sa place, c’est pour illustrer qu’il empêche notre mort en envoyant un substitut venu du ciel pour prendre notre place. Chère Noora, ne le vois-tu pas ? C’est pour cela que Jésus est appelé « l’Agneau »…  « L’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde ». Il est le bélier descendu du ciel pour mourir pour nous ! Jésus s’est sacrifié lui-même pour prendre notre condamnation à mort. Tous ceux qui croient en lui et confessent son nom sont pardonnés. Ils accèdent au ciel et seront Dieu pour toujours !

J’ai de la peine à me contenir. Le simple fait d’annoncer l’Évangile par le biais de cette illustration si frappante me remplit d’émotion. Mais un plus grand sujet de joie se trouve là, devant moi, dans les larmes qui coulent des beaux yeux bleu foncé de Noora et viennent se loger dans ses grands cils noirs. Elle a compris. Je crois que c’est la première fois qu’elle comprend vraiment.



Cet article est un extrait du livre Quand Dieu ouvre les portes.

Imaginez un endroit où le simple fait de devenir chrétien vous condamnerait à mort, dénoncé par votre propre famille. Un endroit où les chrétiens étrangers qui s’aviseraient d’annoncer l’Évangile seraient immédiatement déportés s’ils étaient découverts.

Reema Goode, missionnaire, vit ces choses de près. Elle et sa famille annoncent l’Évangile dans un pays de la péninsule arabique. Elle y observe une tendance, un phénomène merveilleux : malgré des obstacles humainement infranchissables, aucune porte n’est fermée pour Dieu et la lumière commence à percer dans le monde islamique. Un nombre sans précédent de musulmans viennent à Jésus.

Suivez Reema Goode à travers ses expériences personnelles et vivez, de l’intérieur, la façon dont Dieu se révèle à ses voisins, de manière créative, parfois inattendue et souvent palpitante.

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