Cet article est un extrait du livre La conversion de Michael Lawrence.
Comment Dieu se forme un peuple.


La repentance est l’échange de nos idoles pour Dieu. Avant d’être un changement de comportement, ce doit être un changement d’adoration. C’est bien différent de ce que nous pensons souvent au sujet de la repentance.

Nous considérons trop souvent la repentance comme un appel à nettoyer notre vie. Nous accomplissons le bien pour compenser le mal. Nous essayons d’équilibrer la balance ou même de la faire pencher du côté du bien. Parfois, nous parlons de la repentance comme si c’était une résolution du Nouvel An très sérieuse.

• Je ne me mettrai plus soudainement en colère contre mes enfants.
• Je ne regarderai plus jamais de pornographie.
• Je ne tricherai plus sur mes heures au travail.
• Je ne parlerai plus dans le dos de mon patron.

Pourtant, même si nous améliorons notre comportement dans un domaine ou un autre, nos cœurs seront toujours voués aux idoles.

Les pharisiens le démontrent bien. Ils avaient la conduite la plus respectable de la Palestine, et ils étaient le genre de personnes qu’on aimerait avoir comme voisins. Ils ne laissent jamais leurs enfants balancer leurs vélos dans notre cour. Ils ne font pas des fêtes bruyantes et ne laissent pas de mégots dans nos parterres de fleurs. Ils nettoient toujours les crottes de leurs chiens. Ils sont des gens bien. Malgré cela, Jésus les a traités de sépulcres blanchis : propres au-dehors, remplis d’impuretés à l’intérieur (Mt 23.27). Ce que je veux dire, c’est que ce ne sont pas que les mauvaises personnes qui sont idolâtres. Même les bonnes personnes, les gens moraux et religieux, sont idolâtres. La repentance n’est pas la même chose que la volonté morale.

Nous parlons parfois de la repentance comme d’un sentiment de culpabilité par rapport à nos actions. Nous nous sentons coupables si nous sommes pris en flagrant délit. Nous nous sentons coupables si nous ne sommes pas pris. Nous nous sentons coupables si nous décevons quelqu’un ou si nous nous décevons nous-mêmes. Être convaincu de notre culpabilité fait assurément partie de la repentance, mais nous pouvons tout de même nous sentir coupables d’un péché et continuer d’aimer ce péché. Tous ceux qui sont tombés sous l’emprise de la luxure peuvent en témoigner. « Comme un chien qui retourne à ce qu’il a vomi, ainsi est un insensé qui revient à sa folie » (Pr 26.11). La repentance n’est pas un sentiment.

La vraie repentance

La vraie repentance est une nouvelle adoration. Elle a l’apparence d’une vie changée, mais ce changement de comportement provient d’une adoration différente, et non l’inverse.

La repentance est la conviction venant du Saint-Esprit de l’horreur de nos péchés ; pas l’horreur de nos actes mauvais, mais de la traîtrise de nos cœurs envers Dieu.

La repentance signifie de haïr ce que nous aimions et servions auparavant – nos idoles – et de nous en détourner.

La repentance consiste à nous tourner vers Dieu pour l’aimer et le servir au lieu de le haïr. C’est la nouvelle loyauté la plus profonde de notre cœur.

Si la repentance est réellement un changement d’adoration, nos Églises ne devraient pas mettre de la pression sur les gens pour qu’ils prennent une « décision » hâtive et irréfléchie pour Jésus et ensuite leur offrir l’assurance de leur salut tout aussi rapidement. Au lieu de cela, nous devons appeler les gens à la repentance. Quand nous séparons la conversion de la repentance, soit parce que nous croyons qu’elle peut venir plus tard ou soit parce que nous ne voulons pas faire peur aux gens, nous réduisons la conversion au fait de se sentir mal ou de prendre une résolution morale. Le pire, c’est que nous risquons d’assurer un « converti » qu’il est justifié devant Dieu alors qu’il ne l’est pas. C’est comme si nous administrions un vaccin contre l’Évangile.

On sait comment les vaccins fonctionnent. Ils se servent d’un agent viral ou bactérien affaibli pour faire croire au corps qu’il est infecté et pour qu’il produise des anticorps. Ensuite, quand une vraie infection survient, le corps est bien équipé pour la combattre. De la même manière, l’appel à « prendre une décision » sans repentance risque non seulement de créer un faux converti, mais aussi de les immuniser contre le vrai Évangile. Ils croient qu’ils sont déjà chrétiens ! Nous doublons la dose en disant qu’« une fois sauvé, toujours sauvé ».

À quoi ressemble un faux converti ? Bien souvent, c’est quelqu’un qui :

• est enthousiaste à propos du ciel, mais ennuyé par les chrétiens et par l’Église locale ;
• croit que le ciel sera merveilleux, que Dieu y soit ou non ;
• aime Jésus, mais ne s’est pas engagé au reste : l’obéissance, la sainteté, la formation de disciples, la souffrance ;
• ne peut pas faire la différence entre l’obéissance motivée par l’amour et le légalisme ;
• est dérangé par les péchés d’autrui plus que par les siens ;
• tient la grâce en faible estime et son propre confort en haute estime.

À l’opposé, comment le Nouveau Testament définit-il un vrai chrétien ? D’après 1 Jean, le vrai chrétien est quelqu’un qui :

• aime les autres chrétiens et l’Église locale à cause de son amour pour Dieu (5.1) ;
• désire une communion avec Dieu, pas juste un billet pour le ciel (1.6,7 ; 5.1) ;
• comprend que de suivre Jésus implique d’être un disciple (1.6) ;
• obéit à Dieu par amour pour lui (5.2,3) ;
• veut confesser ses péchés et s’en détourner (1.9) ;
• considère la grâce comme étant précieuse et ses propres désirs comme étant peu importants (1.7,10).

Devenir chrétien, c’est de mener une vie de repentance. Dans les mots de Jésus, il s’agit de prendre sa croix et de le suivre. Cela débute à un moment précis dans le temps, mais se poursuit dans une vie de service et d’amour pour Dieu. Dietrich Bonhoeffer l’a bien dit : « Quand Christ appelle un homme, il lui dit : viens et meurs ! ».


Cet article est un extrait du livre la conversion de Michael Lawrence.
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