Je vous propose de faire un voyage dans le temps, de quelques milliers d’années, afin de recevoir un enseignement important de la part du roi Salomon. Après tout, il est l’homme le plus sage qui ait jamais vécu, n’est-ce pas ? Il doit bien avoir au moins une chose ou deux à nous apprendre concernant la productivité !

Les proverbes de Salomon peuvent être parfois un peu mystérieux. Ils ne dévoilent leurs richesses qu’à ceux qui prennent le temps d’y réfléchir et de les méditer. Ceux qui acceptent de prendre le temps de véritablement les prendre au sérieux et de les appliquer dans leur vie. De nombreux proverbes ont un lien direct avec la notion de productivité. Parmi mes préférés, le Proverbe 14 : 4, un exemple classique de maxime qui demande une sérieuse réflexion.

« S’il n’y a pas de bétail, la mangeoire est propre,
mais c’est à la vigueur des bœufs qu’on doit l’abondance des récoltes. »


La productivité c’est salissant

Vous avez peut-être déjà entendu l’adage : Une maison propre et rangée est le signe d’une vie gaspillée. Quelles que soient le sens profond de cette expression, elle fait au moins ressortir une certaine frustration, un sentiment de futilité qui peut découler de la vie dans ce monde. Nous voyons Salomon exprimer un peu de cette frustration dans ce proverbe. Il évoque ici l’aspect chaotique ou « bazardeux » d’une vie bien remplie. Tremper Longman résume cette idée en disant : « Une vie productive est un chantier. »

J’aime tout ce qui touche de prêt ou de loin à la productivité, en tout cas lorsqu’elle est bien définie comme étant le fait de gérer avec efficacité ses dons, ses talents, son temps, son énergie et son enthousiasme pour le bien des autres et pour la gloire de Dieu. Chacun de nous, quelles que soient nos vocations, est responsable de mettre toute son énergie en œuvre pour être le plus productif possible. Mais si vous faite cela, il est inévitable que vous accumuliez un certain désordre sur votre route.

Vous ne pourrez être complètement focalisée sur de nobles objectifs tout en gardant chaque petit recoin de votre vie parfaitement propre et organisé. Le bureau du pasteur se retrouvera parfois recouvert de livres et de notes. Le plan de travail du pâtissier débordera parfois de casseroles, de moules à tartes, de restes de farine et de sucre. Les mains du garagiste seront parfois couvertes de cambouis et son atelier aura chaque jour besoin d’un bon coup de karcher. Et votre maison… votre maison sera parfois bazardeuse, et franchement en désordre au point d’en avoir honte.

Longman explique : « On rêve parfois d’une vie nette et bien rangée de la même manière que l’étable idéale est une étable propre. Mais par définition, une étable propre est une étable vide puisque dès que les bœufs entrent dans l’étable, la saleté commence à s’y accumuler. Cependant, sans les bœufs, il n’y a pas de productivité. » On peut trouver ici une application très utile pour ceux dont le premier champ de productivité est leur foyer. On pourrait tout aussi bien dire qu’on désire avoir une maison nette et bien rangée de la même manière que l’étable idéale est une étable propre. Mais par définition, une maison propre est plus que probablement une maison vide puisque les enfants, le mari, les visiteurs, et les enfants du voisinage n’ont pas à passer bien longtemps dans la maison avant que ne s’installe un terrible tohu-bohu. Cependant, sans tous ces gens, il n’y a pas de vraie productivité selon la Bible : il n’y a pas d’enfant à élever, pas d’amis à écouter, pas de moyen d’exercer l’hospitalité. Comme le dit si bien Derek Kidner dans son commentaire sur les proverbes : « On peut trouver à ce proverbe de nombreuses applications pour la vie personnelle, communautaire et spirituelle, et il serait bon de l’écrire au début des statuts des Églises afin de favoriser une mentalité “d’éleveur” plutôt que de “conservateur” »

Comme dans beaucoup d’autres domaines de la vie, on ne peut pas tout avoir. On ne peut pas cumuler ordre parfait et productivité maximale. On ne peut pas avoir une maison pleine de vie, accueillante et chaleureuse, avoir parfaitement pris soin de tous les besoins des enfants et en même temps avoir toujours une vaisselle propre et bien rangée, avoir toujours toutes les chaussettes lavées et bien organisées. C’est tout simplement impossible.

Bien sûr, je ne suis pas en train d’excuser la paresse ou la négligence. Mais il faut que nous comprenions que « L’amour de l’ordre peut mener jusqu’à la stérilité. Ce proverbe est une exhortation à accepter une certaine agitation pouvant entrainer un désordre, une certaine pagaille –provisoire– en rançon de la croissance. » De notre croissance ou de notre productivité le cas échéant. Est-ce qu’une maison propre est la preuve que votre vie est gaspillée? Pas du tout. Mais une maison propre et bien rangée n’est pas non plus forcément le signe que vous vivez bien votre vie.

Si vous faites ce que Dieu vous dit de faire, il y aura forcément parfois du désordre. Mais prenez courage : si l’on en croit l’homme le plus sage ayant jamais vécu, ce désordre n’est pas le signe d’une vie gâchée, mais plutôt celui d’une vie productive.

Commander Faire Plus. Mieux. de Tim Challis, BLF Éditions, 2017, p. 128.