Les coulisses de la Bible… Luc 8:22-25

Extrait de Où est ta foi ? (Jon Bloom).

La mer était calme à présent. Une brise légère soufflait dans les voiles du bateau.

Les disciples s’étaient eux aussi calmés. André tenait la barre. Il avait remplacé Pierre qui était assis, enveloppé dans sa cape. Il avait l’air épuisé et perdu dans ses pensées. Il était trempé jusqu’aux os. Quelques autres s’affairaient pour écoper ce qui restait d’eau dans le bateau.

Jésus s’était rendormi.

Jacques se pencha sur le plat-bord de la proue, observant les reflets qui dansaient doucement sur les vagues.

Il connaissait cette mer. Lui et Jean avaient passé l’essentiel de leur vie à la parcourir en long et en large. Son père était pêcheur. Tout comme la plupart de ses proches et de ses amis. Dans sa mémoire défilaient les visages de certains d’entre eux qui avaient fini noyés au cours de l’une de ces imprévisibles tempêtes de vent si typique de la Galilée. Exactement comme celle qui les avait malmenés à peine une demi-heure plus tôt.

En marin expérimenté, Jacques ne paniquait pas facilement. Mais il savait reconnaître quand leurs vies étaient en danger. Cette tempête avait ouvert sa gueule avec la claire intention de les avaler tous pour les jeter au fond des abysses.

Jacques avait vu la terreur dans les yeux de Jean quand celui-ci l’avait saisi en hurlant : « Il faut réveiller le Maître ! » Ils avaient avancé en trébuchant jusqu’à la poupe. Comment Jésus pouvait-il ainsi continuer à dormir alors que les vagues en furie secouaient le bateau dans tous les sens ? C’était un mystère. Ils l’avaient réveillé en criant : « Maître, maître, nous allons mourir » (v. 24).

Jacques n’oubliera jamais le regard que Jésus avait posé sur eux à ce moment précis. Ses yeux étaient à la fois pleins de puissance et parfaitement sereins. Aucune trace de peur. Repoussant la couverture, il se mit debout sur le pont arrière. Jacques eut alors peur de le voir projeté par-dessus bord et il tendit la main pour le retenir juste au moment où Jésus s’écria d’une voix forte : « Silence ! Tais-toi ! » (Marc 4 : 39).

À peine ces mots avaient franchi ses lèvres que le vent avait complètement disparu ! L’arrêt soudain de ce mugissement avait quelque chose de surnaturel. Les vagues s’étaient immédiatement calmées. Les disciples étaient restés cloués sur place, fixant incrédules la mer, puis le ciel, et s’interrogeant les uns les autres du regard.

L’attention de Jésus s’attarda un moment sur les falaises abruptes qui longeaient la rive occidentale. Puis son regard s’arrêta sur chaque disciple, et il leur demanda : « Où est votre foi ? ».

Ses yeux avaient croisé ceux de Jacques quand il avait prononcé le mot « foi ».

Maintenant, appuyé sur la proue, Jacques ruminait cette question dans sa tête.

« Où est votre foi ? ». Au départ, Jacques avait pris cette question comme un reproche. N’avait-il pas confiance en Dieu ? Bien sûr que si ! Et pourtant, la tempête avait montré que toute la confiance dont il pouvait faire preuve quand tout allait bien n’était finalement qu’une foi des beaux jours. Le vent d’ouest dominant avait tout emporté. Il se sentit repris et un profond sentiment d’humilité l’envahissait.

Mais plus Jacques songeait à cette question, plus cela le tourmentait. « est votre foi ? ». Où ? Ma foi est dans ce que je vois. Ma foi est dans ce que je ressens. Quand la tempête frappe, je crois ce que voient mes yeux, je crois les sensations que ressent ma peau. Je crois aux forces violentes qui agitent le bateau comme une coquille de noix. Je crois les histoires que me racontait mon père. Je crois aux tragédies qui sont imprimées dans ma mémoire. Je crois à la puissance de la tempête, parce que les tempêtes tuent les hommes.

Est-ce mal de croire tout cela ? Jusqu’à présent, ce n’était pour moi qu’une question de bon sens. Mais Jésus venait de tout changer.

Jacques regarda à nouveau Jésus qui dormait. Il ressemblait en tous points au Jésus qui dormait lorsque la tempête faisait rage. Mais au cœur de la tempête, qu’est-ce qui paraissait être plus puissant ? Ce que ses yeux pouvaient voir. Mais qu’est-ce qui était en réalité plus puissant ? D’un seul mot, Jésus avait fermé la gueule de cette tempête meurtrière.

Jacques sentit à nouveau la crainte l’envahir. Mais c’était une toute autre crainte. Il se demanda : « Qui est donc cet homme ? » (v.25).

Alors qu’il fixait à nouveau ses regards sur la surface de l’eau, les mots du psalmiste lui vinrent à l’esprit :

Oui, je sais que l’Éternel est grand, que notre Seigneur surpasse tous les dieux.

Tout ce que l’Éternel veut, il le fait, dans le ciel et sur la terre, dans les mers et dans tous les abîmes.
Il fait monter les nuages des extrémités de la terre, il produit les éclairs et la pluie, il tire le vent de ses trésors.
(Psaume 135 : 5-7)

Jacques frissonna.

* * * *

Ce que Jésus a accompli pour Jacques et tous les autres disciples en calmant la tempête, c’est ce qu’on pourrait appeler un transfert de crainte. Dans un premier temps, ils craignent tous la tempête, puis, quelques instants plus tard, ils craignent Jésus, d’une crainte sainte et respectueuse. Cette tempête a été un cadeau que Dieu leur a fait, car elle leur a permis de voir à quel point Jésus est puissant et a ainsi renforcé leur confiance en lui. De plus, elle les a préparés à affronter les autres tempêtes, encore plus terribles, qui un jour croiseront leurs chemins.

Quand les tempêtes de la vie se déchaînent, elles nous apparaissent presque toujours comme plus puissantes que la parole de Dieu. Il est essentiel alors de nous rappeler combien nos sens peuvent nous tromper. Quand les circonstances font naître la crainte dans nos cœurs, la question que nous devons nous poser est celle-ci : où est ta foi ?

Dieu veut que vous appreniez à davantage croire ce qu’il dit que ce que vous voyez.

Extrait de Où est ta foi ? (Jon Bloom).